Extrait du journal
logue ; aussi le public a-t-il pryfg * l’écouter un plaisir extrême. Jamais calembourgs d’opéra-boufle ne l’auront tant fait rire. — « Je ne suis pas, un ctyef de bande, répond Avec violeras l'un des criminels, blessé parles 'insinuations | du président. Voleur ? recteur? peut-être I mais chef de bande ? Jamais l » Comme on comprend ce mouvement de révolte, cet éveil brusque de la susceptibilité chez un de ces hommes si affable dans leurs propos, si distingués dpns leurs manières avec leurs connais sances de toutes choses, leur gaieté de pince-sans-rire, leur habileté à manier le dialogue, quels excellents auteurs ils feraient 1 Augier, Sardou et bien d’autres seraient éclipsés du coup : « Le fils de Giboyer », « Les effrontés », « Rabagas », « Le prince d'Aurec », que vaudraient ces satyres sociales à côté des pièces que ces gens pourraient éciire? Consultez plutôt le compte-rendu de l’interrogatoire. — « On a trouvé chez vous,dit le prési dent à l’inculpé, le plan d’un château, plan très détaillé. Il s’agissait d’un coup à tenter évidemment ? — Le prévenu : « Ce plan m'a été remis par une personne que je n’ai jamais revue.,. — Le président : « Où aviez-vous fait sa connaissance ? » — Le prévenu : « A la maison centrale de Poissy. » Comme cette simple réponse en dit long sur la promiscuité des diverses catégories de détenus dansj les prisons, sur l'insuffi sance des locaux pénitentiaires, et l’inexé cution de la loi de 1875 relative à la trans formation nécessaire de ces locaux. Et plus loin : « Vous vivez uniquement de vols, pourquoi ne travaillez-vous pas ? » — « Du travail, je n’en pouvais pas trouver, j’ai tendu la main à la société, elle a refusé de me la prendre. » Quel coup droit porté à la société qui oublie ses devoirs I En effet, vivant de vols, plusieurs fois condamné déjà, ce prévenu, depuis longtemps sans doute, aurait dù être expa trié, conformément aux prescriptions de la loi sur les récidivistes. Pourquoi la société laisse-t-elle errer ainsi cet individu de maison en maison avec pour tout papier de recommandation un casier judiciaire surchargé de feuilles noircies d’écriture. En Angleterre, en Amérique, en Belgique, on a fait des tentatives, quelques-unes couronnées de succès, pour permettre aux condamnés de se reclasser, même axant la libération ; on a créé des sortes d’ateliers, prisons, tenté des essais de réhabilitation progressive, etc. 1 Où en sont toutes ces tentatives ? Décidément,la société est bien coupable si elle ne les mène pas jusqu’au bout ; puisqu’en somme elle a le droit de vivre, donc de se défendre, de juger, de condamner, elle devrait bien faire en sorte que ce droit ne soit pas discutable et ne lui soit contesté par personne. Mais ne nous perdons pas en considé rations si graves. En général, les gaillards en question travailleraient surtout dans le genre comique pour le Palais-Royal et le Vaudeville. Quelle verve 1 quel entrain ont ces conversations de prévenus. Pour finir, citons à l’appui deux bouts de dia logue. Le président à l’un des dix : — Dans ces derniers temps, vous étiez entrepre neur de pompes funèbres 7 — Oui, le besoin d’une entreprise de ce genre se faisait sentir à Neuilly. — Vous montriez dans l’exercice de ce métier un cynisme extraordinaire. Un jour vous ôtes allé trouver le moribond luimême pour lui demander à faire son en terrement. — Ça se fait ainsi à Paris. — Enfin, vous, l’assassin du père Olli vier, vous avez organisé une souscription pour acheter une couronne funéraire à votre victime. — J’ai souscrit comme les autres... Plus loin, le prévenu Micbot refuse de répondre. « Excusez-moi, Monsieur le Président, j’ai la mémoire si fatiguée !... J’ai beaucoup abusé des femmes... » Le Président : — Vous vous vantez. Des rapports de police établissent que vous ôtes rangé. Micbot hochant la tête : — Il y a aussi le tabac..., puis les chagrins, voyez-voue. Enfin, je ne me souviens de rien. — Pas môme d’avoir reçu 200 francs après le crime ? — Je les ai mis machinalement dans ma poche. Il a aussi ce mot aimable de Gaudissart : —- Vous axez déjà été condamné pour coups ? —- « Peuh I pour avoir frappé un jour» naliste !... » Tirons l’échelle. — D......
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
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