Extrait du journal

naient pas à suivre le mouvement. Les autorités ayant appris que les mineurs devaient envahir la forge, avaient mis un dé tachement d’une vingtaine d’hommes, pour garder la porte. Les ouvriers se présentent vers les dix heures du matin pour exécuter leur projet. Les soldats leur barrent le passage et sont obli gés de croiser la bayonnette. Les mineurs, voyant qu’ils ne peuvent réussir, se retirent et vont chercher du ren fort et des armes pour forcer le passage. Ils reviennent en effet quelques temps après armés, qui de pioches, qui de fourches, qui de haches, et accompagnés par un grand nombre de femmes et d’enfants. Le poste de soldats avait eu le temps d’être renforcé. Les ouvriers ont sommé les soldats de dé poser leurs armes et de les laisser passer. Les soldats sont restés fermes à leur poste. Alors les émeu tiers se sont précipités sur les militaires, cherchant à les désarmer ; divers projectiles ont été lancés; l’on prétend que l’officier qui commandait le poste et deux soldats ont été blessés. Que s’est il passé en ce moment? Ce qui s’est passé à la Ricamarie. Les soldats sc voyant attaqués par une troupe considérable ont tiré sans qu’aucun ordre de feu ait été donné. Quatorze morts, dont le pauvre M. Bernard qui était resté au milieu des ouvriers pour tâcher de les calmer, dont deux femmes, un enfant et plus vingt-trois blessés, ont immé diatement jonché le sol. Quel sinistre tableau, et pourquoi faut-il que cette terrible arme du Chassepot n’ait encore été essayée que sur des Français ! Ab ! Certes loin de moi la pensée de jeter un blâme sur la conduite des soldats ; leur mission est parfois bien pénible et je comiremis facilement, qu’obéissant au sentiment...