Extrait du journal

mer, même en face des hommes les plus résolus à bien faire. La parole n’est pas stérile alors que, ne songeant point aux nouveautés, elle reproduit modestement les principes essentiels du juste et de Futile. Ce serait mon excuse, messieurs, s’il fallait en apporter une quand on parle à l’Université des obligations qu’elle veut soigneuse ment remplir. L’éducation dépend surtout de la patience, du dévouement el de la prudence de ceux qui enseignent. Sans la patience, nul ne peut rien d’efficace sur ces frêles et distraites natures de l’enfance, nul ne réus sit à rapprocher ou corriger ces inégalités d’organisation qui se révè lent dès le premier âge. Sachons donc tendre la main à ceux qui mar chent lentement, tout en calmant la fougue des esprits ardents. Estce que l’enfant délaissé ou rebuté n’est pas affaibli dans sa valeur morale, en même temps qu’il est perdu pour la science7 Rien n’est plus profitable et plus touchant que cette patience vraiment mater nelle qui pousse doucement nos élèves vers le travail, qui enrichit leur âme d’impressions affectueuses, et qui les façonne sans contrainte aux habitudes d’ordre et de discipline, si nécessaires plus tard à la sainte enteate des devoirs de la vie. Nos tribunaux siégeât sous l’image du Dieu crucifié, redoutable symbole d’égalité, de justice et d’expiation. Ne vous semble-t-il pas que notre symbole, à nous, doit être la suave et radieuse figure du Christ, appelant à lui les enfants et en seignant* tous la patience et ta bonté? Et que dirai-je du dévouement pour fonder l’éducation ? Le dé vouement ! un vieux mot encore, mais dont le sens est inépuisable. Qui viendra relever jusqu’à la hauteur d’une mission publique le pénible métier de l’enseignement des humanités ? Certes, c’est le dévouement à la jeunesse et à ses destinées, car elle sera la société vivante quand nous irons rejoindre nos devanciers dans la pous sière du cercueil. Avec ce sentiment si vif et si profond, l’éducation morale sort complète du cœur du professorat, et vient vivifier l’ins truction; à chaque pas fait par le jeune homme dans la voie des éludes, elle lui montre les périls de l’orgueil, les ravages de l'égoïsme, les hontes de l’improbité: — c’est bien ainsi, messieurs, que l’arbre de science devient l’arbre de vie, et que l’enseignement, épuré par les sacrifices du dévouement, eommertnr apOBtdWt nouveau, se con sacre surtout, en faisant des savants et des lettrés, à former d’honnètes gens et de bons citoyens....