Extrait du journal

Nous sommes certains, au contraire, que les garçons de salle de 1 hôpital Saint-Sauveur sont de braves gens qui, dans des circonstances normales, n au raient pas hésité à donner un peu de leur temps et de leur peine, pour por ter secours à un malade. Mais voilà, nous ne sommes plus dans des circonstances normales. Les infirmiers de Lille, sont obnu bilés par leurs droits. Tout ce qui pa raît leur porter atteinte leur devient suspect et odieux. De là, des gestes presque criminels. Chacun ne pense plus qu’à soi. C’est le triomphe de l’égoïsme et du maté rialisme le plus bestial. Un journal de Front populaire, « La République » s’effraye de cet état d’esprit : Les ouvriers — écrit-il — devraient comprendre que des attitudes aussi ma ladroites qu’inhumaines donnent des armes aux adversaires du mouvement s\ndical et sont susceptibles de créer dans l’opinion publique des réactions défavorables aux conquêtes ouvrières. Ces conseils sont excellents. Seule ment, ils portent à faux. Les chefs, les dirigeants lèvent main tenant les bras au ciel, en s’écriant, suivant la formule classique : « Nous n’avions pas voulu cela ! » Ne discutons pas sur le point de sa voir s’ils l’avaient ou non voulu. Mais le fait est que les actes qu'on réprouve aujourd’hui sont la consé quence directe des idées et des théories inculquées aux masses. Encore un coup, qu’on ne déplace pas les responsabilités et qu’on ne les rejette pas sur les ouvriers. Les vrais coupables sont les chefs, les dirigeants, qui. eux, pouvaient me surer toute la portée de leur néfaste action. Mais aujourd’hui, devant la colère qui gronde, ils renouvellent le geste historique de Ponce-Pilate et se la vent les mains dans le sang des inno cents....