Extrait du journal
BULLETIN POLITIQUE On n’est jamais trahi que par les siens. Ainsi s’exprimait autrefois la sagesse des nations, et il paraît que, sur ce point au moins, la sagesse des nations n’a pas varié. Le président Lincoln en fait, à celle heure, l’ex périence. Le comité d’émancipation de Chicago vient de publier une lettre que le chef de ITnion lui a der nièrement adressée. M. Lincoln y dit en termes formels „ quii ne serait pas favorable à une proclamation d’é« mancipation parce qu’elle serait sans effet si elle . était lancée, et que si les esclaves étaient armés, , leurs armes tomberaient dlttre les mains des re« halles. » C’est le 13 septembre que cette déclaration était faite et c’est neuf jours après que le président des Etats-Unis lançait sa fameuse, proclamation, appelant sur toute re tendue des Etats rebelles, les esclaves à la liberté. Que s’est-il donc passé dans l’intervalle? Comment ce qui était inutile, funeste même le 13 septembre, a-t-il pu le 25 septembre être impérieusement réclamé par les circonstances politiques? Nouveau Saint-Paul, M. Lincoln aurait-il été favorisé d’un miracle rappelant celui du chemin de Damas ? Nous avons pensé, dès le premier moment, que la proclamation de M. Lincoln n’était pas le signe et le résultat d’un réveil imprévu de tendresse et de sym pathie pour la race nègre, et que l’on ne devait pas en rechercher la cause dans une reconnaissance sou daine des notions imprescriptibles de justice, dans un éclairement subit sur les droits et les devoirs de l’hu manité. Nous savions trop bien ce qu’il faut penser de la philanthropie du gouvernement fédéral et si nous avions pu conserver quelques doutes à cet égard, M. Lincoln lui-méme se serait chargé de les détruire par sa proposition de déporter les esclaves dans quelque coin perdu de l’Amérique, afin que les yeux des laiikees ne soient plus blessés à l’avenir par la vue d’une couleur qui n’a pas le bonheur de leur plaire. Notre opinion est aujourd'hui pleinement confirmée par tous les renseignements qui nous parviennent. Il en résulte qu’en décrétant l’affranchissement au 1er jan vier prochain, M. Lincoln a moins songé aux intérêts de la race nègre qu’aux siens propres et qu’il s'est déter miné non point par des considérations humanitaires, mais par des raisons gouvernementales essentiellement personnelles. Jefferson Davis n’est pas le seul adversaire de M. Lin coln, et les préoccupations militaires ne sont pasjes seules qui réclament l'attention du président. Il a à lut ter contre un ennemi inférieur, et cet ennemi c’est le parti démocratique, qui, vaincu aux dernières élections présidentielles, se réveille, réorganise ses forces et se préparé au combat. Ce parti se dispose à entrer en lice lors des élections qui auront prochainement lieu dans chaque Etat pour la nomination des gouverneurs. Un voit d ici le danger ; si les démocrates triomphent dans ces élections locales, c’en est fait de l’autorité de M. M. Lincoln auxquels les gouverneurs des Etats refuse ront le concours nécessaire pour continuer une lutte à outrance et sans issue. 11 a donc fallu se chercher des alliés, et M. Lincoln a cru trouver un point d’appui dans la fraction abolitionniste du parti républicain en...
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
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