Extrait du journal

session de nos déboursés et maintenir un ordre rigoureux dans le pays, re fouler les prétendants, montrer enfin que nous n’étions pas des niais dont on peut se jouer. Tout cela n’a pas été fait ; le con traire a été fait ! Le résultat a été que noire sultan, celui qui nous doit de l’argent, a été bêtement sacrifié par nous pour faire plaisir à l’Allemagne ; que le nouveau sultan ne nous a rien donné que des paroles sans va leur : que l’Allemagne nous a obligés à retirer nos troupes et qu’elle s’est implantée au Maroc avec1 la ferme ré solution de n’en plus sortir. On avait lancé une dépêche tendan cieuse disant que l’Allemagne, se ba sant sur les conventions arrêtées à Algésiras, avait demandé à la France d’envoyer des troupes au Maroc pour recommencer la campagne et rétablir l’ordre. Cette dépêche a été aussitôt démen tie bruyamment par le gouvernement de Berlin ; on peut même croire que le gouvernement de Berlin l’avait luimême lancée — ou fait lancer — dans le seul but de la démentir catégorique ment. En effet, il serait absurde de croire que l’Allemagne, installée au Maroc, en appellerait à la France en cas de troubles. C’est elle qui agira, elle qui enverra des troupes et soyez certains qu’elle saura tirer profit de son inter vention. Ce Maroc, que l’Angleterre nous avait donné en nous disant : « Faitesen ce que vous voudrez, je vous ap prouverai », aura été pour nous un gouffre où se sont engloutis nos mil lions arrosés de sang français. Que se ra-t-il dans l'avenir pour l’Allemagne ? C’est difficile à prévoir, mais, pour l’instant, nous pouvons dire un défini tif adieu à noire argent, comme nous pouvons dire adieu à notre prestige, à notre influence. C’est le cas de répéter, avec le fabu liste : Nous avons tiré les marrons du feu, d’autres que nous les mangeront. L’éclat dont brille notre diplomatie n’est pas précisément aveuglant et, de plus,la note que notre diplomatie nous présente chaque année est fortement élevée. On était mieux servi autrefois et pour moins d’argent. Tout augmente en quantité ; tout baisse en qualité. Est-ce une compensation ? B....