Extrait du journal

COMMUNISTES ET SOCIALISTES poursuivent la dévaluation do franc Le problème des finances publiques n’est toujours pas résolu. Il a reçu une solution provisoire par la conclusion de l'emprunt anglais : trois milliards entrent dans nos caisses pour trois, six ou neuf mois, à un taux modéré, sous conditions latérales qui appellent la critique. Avec cet appoint et en se servant, par surcroît, de l'argent frais produit par l’emprunt des P. T. T. et par l’imminent emprunt des chemins de fer. le Ministre des Finances espère passer sans encombre le prochain trimestre. Si la nou velle Chambre lui donne un successeur en juin, ce successeur se débrouillera ! Deux hypothèses doivent être envisagées • ou bien le Front popu laire aura été mis en échec par le suffrage universel et la confiance publique sera raffermie, la crise sera atténuée sensiblement par la reprise immédiate des affaires, et le Ministre des Finances trouvera l’argent qu'il voudra ; ou bien le Front populaire aura triomphé et ce sera l’effondrement immé diat, l'impossibilité de renouveler les bons du Trésor, l’impossibilité plus grande encore d’obtenir un emprunt à long terme, la fermeture des guichets de l'Etat ou plus probablement, pour éviter cette extrémité, un coup de force sur la Banque de France — ce que le programme du « Rassemblement populaire » appelle « la nationalisation de la Banque de h rance » — c’est-à-dire l’impression de billets sans contre-partie, I inflation morétaire, donc la dévaluation du franc. Personne ne peut se leurrer d’illusions : la victoire du Front populaire serait l’immédiate chute du franc, c’est-à-dire l’appauvrissement de tous les Français qui ne se livrent pas à la spéculation. Les salariés, les retraités seraient les victimes de l’opération au même titre que les rentiers. Lorsque socialistes, communistes et radicaux-socialistes du Front populaire affirment, pour ne pas inquiéter leur clientèle électorale, qu’ils ne sont pas dévaluateurs. ils .font preuve, de sottise ou Les plus intelligents d’entre eux. tout au moins, savent pertinemment qu’ils nous conduisent à la chute du franc. M. Gutt, qui fut le dernier ministre des Finances du Royaume de Belgique avant la dévaluation, émit un jour sur la politique des socialistes un jugement qui vaut pour les socialistes de France comme pour ceux de Belgique : Les socialistes Veulent bien éviter les maladies mortelles qui s'appellent l’inflation et la dévaluation. Mais ils ne veulent pas admettre le régime qui prévient ces maladies. Dans le cas particulier, ils voulaient la fin sans les moyens. Etant dans l'opposition — et bien que partisans du maintien du francor — ils n acceptaient point, mais au contraire ils combattaient, pour des raisons politiques, la déflation poursuivie par le Gouvernement qui seule pouvait sauver le franc-or. Voilà, très clairement établie, en quelques mots, la duplicité du Front populaire : il proteste officiellement contre la dévaluation du franc parce qu’il la sait redoutée et haïe justement de la foule, mais il la rend délibé rément inévitable parce qu’elle servirait ses desseins révolutionnaires. Cette hypocrisie doit être dénoncée partout, en toutes circonstances. Il faut que nul Français ne l’ignore e* que tous les candidats et propagan distes du Front populaire soient contraints de porter un gigantesque placard : « Dévaluateurs ». Ainsi sur certains flacons on inscrit le mot poison. Joseph DENAIS, Député de Paris....