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Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 14 octobre 1907

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Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire
14 octobre 1907


Extrait du journal

CAUSERIE PARISIEN! Le 12 octobre, On avait dit que nous irions au Maroc, non pour faire des conquêtes, mais pour ob tenir satisfaction des attentats commis con tre des Français. Nous devions recevoir des indemnités et, voyez la différence entre les paroles et les actes, c’est le sultan qui reçoit et c’est nous qui donnons. Le ministre de France esi allé en grande pompe à Rabat, remettre à Abd-el Aziz la grand'eroix de la Légion d’honneur ; c’est un assez riche cadeau par lui-même, car la croix est constellée de diamants, c’est de plus l’honneur suprême que nos généraux, nos illustrations n’obtiennent qu’à la fin de leur carrière et après maints services signa lés rendus à la Patrie. Abd-el-Aziz a dû bien rire, dans sa belle barbe noire, lustrée et miroitante. On le décore pour avoir laissé assassiner des Français — cinq ou six seu lement — Que ne lui aurait-on pas offert après en avoir fait assassiner des centaines par ses bons soldats des tribus qui nous cernent à Casablanca ? Mais ce n’est pas le seul cadeau que nous lui ayons fait ; de riches présents suivant l’usage, lui ont été offerts par notre minis tre et le bon sultan a daigné les accepter ; cela augmentera sa collection de joujoux. Il a promis en échange, de s’intéresser aux affaires des Européens et nous voilà bien rassurés. S’il est le maître, pourquoi pour nous prouver son bon vouloir, n’or donne-t-il pas anx tribus qui nous harcèlent aans cesse, de se retirer ? S’il n’est pas le maître, pourquoi le décorer du plus haut In signe de notre ordre national ? Demandez à 11. Clemenceau d’expliquer cela et il est à parier qu’il répondra une fois de plus: « nous sommes dans l’incohérence et nous tons ». Le sultan s’est montré charmé de tant d’égard et il n’a pas hésité à dire à ses bons amis les Français : « Vous savez, votre amitié me flatte ; elle m’encourage à vous ouvrir le fond de mon cœur : j’ai besoin d’argent, de beaucoup d’argent, laissez-moi contracter un emprunt chez vous et je vous offre en garantie la tête de mon frère : Moulaï-Hafid, ce méchant garçon qui veut me prendre ma couronne. Débarrassez-moi de Moulaï-Hafid ; après, les choses iront comme sur des roulettes. » Mouiaï-Haüd tient le même langage, de sorte que, dans notre bonté excessive, nous sommes bien capables de laisser Abd-el-Aziz nous emprunter une cinquantaine de mil lions pour combattre Moulaï-Hafid et Mouiaï-Hafid nous en emprunter une cinquan taine d’autres pour combattre son très cher frère : Abd-el-Aziz. Cela fera cent millions avec lesquels les deux frères, réunis alors dans un bon esprit de famille, lèveront des troupes pour chasser ces chiens de Français qui n'auront plus rien à leur offrir. La conférence do la paix a continué son petit jeu de patiences ; c’est à qui fera son projet pour assurer la paix ; on ne s’entend pas toujours, mais enfin on persévère à at tendre cette paix universelle qui se refuse obstinément à répondre à l’appel. Cette situation comique me rappelle une pièce dans laquelle un vieux Monsieur a dé cidé de souper en compagnie d’une jeune femme, en cabinet particulier. Arrivés au restaurant, les deux convives font leur menu, — c’est plutôt la femme qui le fait — une dizaine de plats, cela suffira, elle n’a pas faim ; cinq ou six bouteilles de grands crûs, cela suffira, elle n’a pas soif. «C’est heureux qu’elle n’aie ni faim, ni soif, » dit le vieux Monsieur. Et puis une fois le menu arrêté, la jeune femme dit à son cavalier : « Attendez-moi, je reviens à l’instant » et elle se sauve pour rejoindre des amis moins mélancoliques et moins âgés. « Je la connais, dit le garçon du restau rant. elle ne reviendra pas. » Néanmoins, il apporte au monsieur resté seul, tantôt un plat, tantôt un autre avec la bouteille. —- « Buvez, mangez, dit-il, elle va venir. » A chaque instant, le monsieur de plus en plus gavé et abreuvé, sort de son cabinet solitaire pour dire au garçon : « Eli bien I et cette dame.» « Elle va venir monsieur, elle va venir, » mais elle ne vient jamais et le vieux monsieur gonflé cl cramoisi, de s'écrier: « Je ne vous le cacherai pas, garçon, j’espé rai tout autre chose, » Il en est ainsi du Congrès international de la soie ; il attend toujours ; il espérait tout autre chose ; il se nourrit et s'abreuve, de projets et d’éloquences tout seul ; la paix persiste à ne pas se montrer. Elle va venir, elle va venir! « Je la con nais dit l’Europe qui fait office de garçon de salle, elle ne viendra pas. » Pour éviter la guerre, le Maroc s’est-il décidé à notre première sommation, à nous indemniser t non ! la conférence de la paix lui a-t-elle envoyé une signification, en bonne et due forme d’avoir à se soumettre t non !. L’Amérique expédie une flotte dans les eaux du Japon, ce n’est certes pas, pour prendre part à un concours de vitesse, où une course a la voile, à l’aviron où à la va peur avec les navires japonais. Le japon le comprend bien, et il arme à son tour des vaisseaux, fortifie des côtes et se prépare à Jout événement La Conférence de la paix...

À propos

Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.

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