Extrait du journal
La République française, moniteur de la politique opportuniste, raillait hier la poli tique intransigeante. Parlant de M. Louis Blanc et de ses amis, elle déclarait (pie le peuple est fort porté, en notre pays voltairien, à trouver que rien ne ressemble plus qu’un charlatan à un apôtre. Le mut nous a paru joli ; toutefois, nous ne le croyons pas absolument juste. Le peu ple réunit-il bien toutes ces qualités de clairvoyance et de discernement que lui at tribue la République française ? Certes, il n’est point avec les intransigeants, mais n’estil pas trop souvent encore avec certains politiciens dont les programmes sont far cis de plantureuses promesses ? Oh! les promesses électorales,, voilà un mot que la République française prononce aujourd'hui du ton le plus cavalier du monde ! <( Suivant de bons esprits, dit-elle, peutêtre le personnel nouveau des députés au rait-il pu, non sans de grands avantages, arriver à la Chambre avec des résolutions et des vues, des intentions et des projets d’un caractère plus hardi et plus neuf que les diverses professions de foi qui, pendant la période électorale, furent soumises au suf frage universel. » Puis elle ajoute : « De semblables regrets sont tout à fait superflus, car il est trop visible, par tout ce qui se passe, que ce ne sont ni les professions de loi, ni les programmes, ni même les man dats, fussent-ils impératifs, qui dirigent la politique d’une Chambre et constituent son caractère. Quoi que l’on puisse dire, dans les affaires courantes, les circonstances jouent un rôle égal, sinon supérieur, à celui des hommes même les plus fermement attachés à leurs promesses, à leurs principes, au sen timent de leurs obligations envers eux-mêmes et leurs électeurs. C’est aujourd’hui l’idée la plus certaine et la plus utile à répandre que la politique est la science du relatif par ex cellence. » Vraiment, il faut un certain front à la République française pour traiter avec ce suprême dédain les professions de foi, les programmes, les mandats contractuels ou impératifs ! Si l’idée la plus certaine et la plus utile à répandre est celle-ci, que la politique est la science du relatif par ex cellence, pourquoi la République française n’a-t-elle pas songé plus tôt à la vulgariser, cette idée? Est-ce donc depuis quelques mois seulementqu’ellela possède elle-même, cette science du relatif ? Devons-nous croi re à une révélation subite et miraculeuse ? Avant les élections, vivent les programmes! Ce qui est écrit est écrit. Les électeurs sont tenus d’y croire. Après les élections, plus rien ! Arrière l’absolu ! Vive le relatif ! Expliquons aux masses le relatif, vulgari sons le relatif ! — Encore une fois, la Ré publique française nous semble eu prendre bien à son aise ! Notons qu’au fond elle dit vrai, lors qu’elle affirme qu’en politique on ne fait pas tout ce que l’on veut ; que l’on fait seule ment le possible et que, dans le possible même, on est soumis, astreint, subordonné à mille conditions variables du jour au len demain, qui enlèvent à l’action politique d’une Chambre, d’une députation, d’une in-...
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
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