Extrait du journal
L’amiral de Cuverville fait remarquer au président que ce dernier est une œuvre merveilleuse, enviée par les étrangers et dépassant en vitesse tous les torpilleurs existants, attendu qu’il fera 29 nœuds à l’heure. Les construc teurs ont réussi à éviter les vibrations, malgré cette vitesse surprenante. Le président visite le Forban et se retire acclamé. Les cloches des églises sonnent sur le passage du cortège. Les rues du Ha vre sont décorées magnifiquement. Le landau est obligé de s’arrêter fréquem ment pour permettre au président de recevoir les hommages des commerçants du quartier. En arrivant à l’avant-port que le cor tège longe, on fait le tour du bassin. La population ouvrière, massée sur le pas sage, se montre très enthousiaste. On arrive devant le croiseur Jean Part et le navire anglais Australia : les marins des deux bâtiments acclament le prési dent. On entend les hourras ! des An glais pendant que la musique du Jean Part exécute la Marseillaise. Ensuite a lieu une courte visite aux Docks. Le président fait monter MM. Sieg fried et Brindeau à ses côtés et on gagne les Forges et Chantiers de la Méditer ranée. Le spectacle est féerique. Les vastes constructions qui servent d’ate liers sont magnifiquement décorées. Les ouvriers, au nombre de près de 3.000, sont placés sur deux rangs et forment la haie sur le passage de M. Félix Faure. Ils l’acclament avec frénésie. Le prési dent du Conseil d'administration pro nonce quelques paroles de bienvenue. Le président attache sur la poitrine d’un vieil ouvrier la croix de la Légion d honneur. Le nouveau décoré a nom Berlier. Il connaît le président de vieille date. Celui-ci cause familièrement avec lui et lui dit : — C’est toute une vie de travail que je récompense et en votre personne je décore tout l'atelier. Des acclamations cueillent ces paroles, Plusieurs ouvriers ensuite médaillés. On visite alors les ateliers. Un groupe d’armateurs arrête M. Félix Faure pour lui demander la faveur de donner son nom à un voilier en cons truction. Le président répond qu’il y consent volontiers. On admire, en partant, un canot mû par l’électricité. Un ingénieur fait re marquer plus loin la différence qui existe entre l’ouverture d’un canon Kvupp et celle d’un canon Canct. Cette différence est en faveur de la fabrication française. Les ouvriers saluent le président à son départ. On a beaucoup remarqué la pré sence du mécanicien en chef Martin, qui fit preuve d’un si grand sang-froid lors de la traversée périlleuse ae la Gas cogne. Le président lui a remis la croix de la Légion d’honneur et lui a donné l'acco lade, aux applaudissements de tous. Le cortège se rend à la caserne des douanes en traversant les faubourgs. Les vivats sont encore plus nourris. Dans la cour d’honneur,les douanier ; ranges pré sentent les armes. Les femmes cl les en fants des douaniers acclament le prési dent. Un centenaire célèbre dans la région, le docteur Brossy, âgé de 1 ans, pré sente ses hommages au président, qui lui dit : —« Je voudrais, à io3 ans, être aussi vert que vous. Le cortège se remet ensuite en route, se rendant à la caserne Kléber, où est logé le 119e de ligne. l^e général Giovanineîü présente les officiers du régiment : — L’armée, dit-il, est très honorée des mar ques d’amitié que vous lui prodiguez.C’est pour les officiers de ce régiment un honneur dont ils sentent le prix que de vous recevoir, vous qui avez cté témoin des travaux qu’ils pour suivent avec ardeur. Le président répond : — Je me suis toujours considéré comme faisant partie de la garnison du Havre. J’ai longtemps collaboré à ses travaux. Messieurs, vous savez que le pays attend beaucoup de vous. 11 sait qu’il peut compter sur votre es prit de discipline et d’abnégation. Le président visite ensuite les cham brées et l’infirmerie où des soldats sont alités. Il s’arrête un instant auprès d’-eux. La visite terminée, le président se re met en marche et se rend à la caserne Blil* Après toutes ces visites, il regagne sa villa. ' _ ATTENTION ! Paris, 18 avril. tiens ce titre, le Petit Journal publie les lignes suivantes : Nous apprenons d’une source absolument autorisée que la police de sûreté serait sur les traces d’un complot anarchiste tramé contre la vie du président de la République. Le coup devait être tenté au Havre pendant le séjour de M. Félix Faure. Un anarchiste des plus dangereux, désigné par ses camarades et connu sous le sobriquet de Petit-Bordeaux (on ignore son véritable nom), a quitté Londres pour se rendre au Havre. On ignore quelle direction il a prise....
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
En savoir plus Données de classification - félix faure
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