Extrait du journal

— Quoi ? l’impôt sur le revenu ? — De M. Doumer ? — Oui. — Son auteur a sans doute changé d’idées. C’était une idée de pauvre. M. Doumer ne l’est plus. Et puis tous les commerçants ne verraient pas avec plai sir les employés du gouvernement fouiller dans leurs papiers et dans leurs livres. Il faudrait un programme plus alléchant. — Oh ! nous pouvons promettre beau coup. — Oui, mais pourriez-vous tenir? — Ça, c’est plus difficile. —- Je ne vous vois pas en fameuse posture aux prochaines élections. Heu reusement que vous avez pour vous la franc-maçonnerie. — C’est sur elle que nous nous appuie rons. — Elle aussi commence à s’user. — Vous savez bien que tout s’use.Mais c’est encore là que sont les plus fermes républicains. — Les plus pressés du moins d’avoir de l’avancement. — C’est une force. — Oui. Mais lorsqu’ils sont arrivés h leurs fins, ils ne font plus rien pour le peuple, et ils deviennent opportunistes. J'ai entendu dire qu’un radical était un opportuniste non encore pourvu. — Ce sont les mauvaises langues qui disent cela. — Enfin qu*allez-vous faire ? — Ma foi, je n’en sais rien. Nous al lons nous occuper du budget. — C’est-à-dire que vous allez chercher à créer de nouveaux impôts. Croyezmoi, monsieur le député, Jacques Bon homme est assez surchargé ; il plie sous le poids, il ne travaille plus que pour le gouvernement et, ma foi, il commence à en avoir assez. Tant va la cruche à l'eau qu’à la fin elle s’emplit, et à force de tirer sur la corde on la casse. A. Pujo....