Extrait du journal

(De notre rédaction parisienne.) Paris, 19 avril. — Le voyage que M. Barthou va faire en Pologne et Tchécoslovaquie n’a jamais paru plus opportun. N est-il pas juste temps, eu effet, dans l'atmosphère menaçante où nous rivons, de resserrer les alliances que nos maladresses avaient compromises. Cette tâche ne sera pas aussi facile qu’on le croit. Nous ne sommes plus à l’époque où nos alliés de la Vistule et du Danube obéissaient aveugle ment à la politique française, même quand elle faisait fausse route. La Pologne surtout s’est organisée sous le signe de l’autorité et a pris conscience d une force qui n’accepte plus les abdications. Cependant, le plus léger indice de redressement qui se manifeste dans notre pays fait plus que toutes les démarches diplomatiques pour nous rendre accessibles à nouveau les po sitions perdues. Il suffit de lire les commentaires d’approbation sans ré serve que suscite à Varsovie Prague, Belgrade et Bucarest l’énergique note française dénonçant le réarmement de l’Allemagne. La révélation de ce réarmement a créé certes une nouvelle psychologie européenne qui tend à regrouper nos amis autour de nous par la nature même des choses. Mais il s’agit main tenant de consolider en notre faveur et donc pour la défense de la paix ces garanties spontanées, de beau coup préférables aux garanties artifi cielles que nous sollicitons d'ailleurs vainement depuis plusieurs mois. Il suffit pour cela de ne pas mé connaître ce fait capital que notre vieille République rit entre une Po logne nouvelle, une Italie nouvelle et une Allemagne régénérée, et que la plupart de nos partenaires, enne mis ou alliés, sont des pays forts. La France a le devoir d’abandon ner définitivement les méthodes dé suètes dont quelques échecs onéreux ont fait apparaître l’impuissance, l'avenir du monde en dépend. Louis CHAUVET....