Extrait du journal

ment malmené par la vindicte populaire pour épargner du travail à M. Deibler. Tout récemment encore nous avons vu ce fait inouï. Un cambrioleur du nom de Crampon, surpris en flagrant délit de vol dans la chambre d’un cafetier s’enfuit, poursuivi par les nombreux témoins de son attentat. Serré de près, trois fois il se retourne et décharge son revolver sur ceux qui sont sur le point de l’atteindre. Deux de ses victimes sont tuées raides. La troi sième est transportée dans un état des plus graves à l’hôpital voisin. Pour mettre fin à cette boucherie, il faut qu’un autre pas sant, au risque d’être assassiné lui-même, se précipite sur le meurtrier et le désarme. Croit-on que si pareille chose s’était pas sée aux Etats-Unis les braves gens do la russe seraient ainsi laissé massacrer bé névolement? Dès que le voleur eût fait mine de faire feu, vingt, trente revolvers seraient sortis spontanément des poches, et une pluie de balles eût abattu le chien enrage auquel on donnait la chasse. Il est vrai qu’en Amérique on n’aurait pas.le lendemain,songé à inquiéter ces pas sants en état de légitime défense, tandis que chez nous on aurait commencé par in carcérer les justiciers, au risque de les déshonorer et de les ruiner, quitte plus tard à les laisser acquitter par un jury. Si pourtant nous étions un peu plus américanisés, nous n’aurions pas aujour d’hui à déplorer la mort de deux braves ci toyens, morts victimes de leur dévoue ment à la société,et pour la famille desquels les obsèques faites aux frais de la ville de Paris, avec la présence des conseillers municipaux derrière le corbillard, seront un très insuffisant dédommagement. A tout prendre, entre l’apathie française et l’ex cessive vivacité des Yankees, je ne serais pas éloigné de préférer l’interview rapide de la prison de Memphis. — C’est vous qui êtes les nègres ? Eh bien I vous ne continuerez pas I... — D....