PRÉCÉDENT

Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 23 avril 1892

SUIVANT

URL invalide

Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire
23 avril 1892


Extrait du journal

ils payent jusqu’à 9, 10,11 1/2 p. •/„, avec la commission. M. Maxime Du Camp cite l’exemple d’un morceau de calicot de 5 francs, ayant coûté à son propriétaire 35 francs d’arré rages et de prisées. Autant do profit pour l’Etat I Hier encore, on taxait les cadavres des hôpitaux I Et si la famille était trop pau vre pour acquitter les frais et la taxe, les corps étaient envoyés à l'amphithéâtre de dissection I ÊTES-VOUS RENTIER? Vos fermes, vos terres, vos maisons sont imposées. Les coupons de vos obligations sont im posés. Vos dividendes, vos créances sont im posés. Vos voitures, vos chevaux de luxe sont imposés. On parle de taxer le revenu I Mais il est frappé de toutes manières ÊTES-VOUS FONCTIONNAIRE ? Magistrats, officiers, employés paient nous forme de retenue un impôt sur leurs appointements. ÊTES-VOUS PENSIONNÉ ? 11 vous faut produire pour le plus modi que subside nombre d’actes onéreux. ÊTES-VOUS DÉCORÉ ? Les droits de chancellerie varient de 15 à 328 francs. DISTRACTIONS Pour faire partie d’un Cercle, on paie une taxe. Pour posséder un billard, on paie une taxe. Pour avoir un permis de chasse, on paie une taxe. La pondre que l’on brûle paie une taxe. En achetant un jeu de cartes, on paie une taxe. Chaque billet de chemin de fer paie une taxe. Pour fumer un cigare, on paie une taxe. Même l'allumette qui s’enflamme a payé une taxe. LES MONOPOLES DE LÉTAT Le fisc se fait payer « par préférence » à tous autres, chacun le sait. De plus, pour obliger le public à lui donner de l'argent, sous une autre forme que l’impôt, l'Etat se réserve certains mo nopoles, c’est-à-dire le droit" exclusif de vendre, à un prix exorbitant, divers objets de peu de valeur... Et il envoie en police correctionnelle ceux qui osent lui faire concurrence en donnant ces choses à un prix raisonnable. C’est ainsi, en un sens, qu'il n'y a qu’un seul marchand de cartes à jouer ; un seul vendeur d’allumettes d’Etat. Et quelles allumettes I D’un travail spécial il résulte qu’en moyenne, sur quatre allumettes, il s’en trouve une sans phosphore et une brisée ou incomplète 1 C’est ainsi encore que l’Etat jouit du monopole du sel, de celui du tabac qui pro duit, avons-nous dit(350 millions annuels ; de celui du papier timbré, dont la feuille vendue 1 fr. 20 ne coûte pas 0 fr. 05 de fabrication. On voit que le gouvernement, tout en s’élevant contre « Vodieux » des privilè ges, les maintient fort bien cependant en sa faveur. Ne disons rien des postes, des mon naies... ces monopoles ont leur raison d’être ; mais ce sont encore autant de sources de revenus indirects, alimentés toujours par le public. Encore si, en payant tant d’argent, on déchargeait en rien ses enfants dans l’a venir I ■, r. ., .... Mais non. 1 ' . À leur tour et après Vous, vos héritiers subiront ces mêmes charges et d’autres plus lourdes encore, déjà entrevues comme inévitables. L’habileté consiste à désigner les im pôts d’une foule de noms divers qui font illusion et dissimulent en fin de compte la somme totale à la charge de chacun de nous : patente, octroi, timbre, enregistre ment, douane, centimes dits additionnels, qui montent quelquefois au double du prin cipal. Si Von réunissait en un chiffre unique toutes ces fractions, on serait effrayé de la carte à payer par tête ! Voilà bien ce qui rend la vie si chère pour tous, et impossible pour un grand nombre. La France, elle : Est cette terre ardente, et diverse et fertile, Donne à tous les produits, prête à tous les es tais. Elle est féconde, elle est généreuse : on en abuse jusqu’à l’épuiser. Oui 1 tout est taxé. La lumière du soleil ; l’air lui-même sont très positivement imposés sous le nom de contributions des portes et fenê tres La feuille sur laquelle sont écrites ces lignes comptera dans l’impôt de 15 millions qui frappe le papier... l’éditeur qui. la publiera paiera patente... et une machine taxée l’imprimera avec une encre soumise aux droits. C’est inouï ! mais c’est comme cela ! Il y a tant de gens aujour d’hui qui « mangent à la crèche », et il faut tant d’argent pour gorger les politiciensqui vivent aux dépens des contribuables. Quand donc ces moutons d’électeurs, que l’on tond jusau’à la neai*. comnrendront-ils...

À propos

Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • cavaignac
  • monteil
  • loubet
  • de freycinet
  • chénieux
  • foulon
  • raffenel
  • rousseau
  • beaujan
  • guerard
  • paris
  • france
  • puteaux
  • syndicat
  • marseille
  • aubenas
  • rome
  • lille
  • lana
  • toulon
  • la république
  • l'assemblée