Extrait du journal
Pourtant, le site choisi par M. Ducaruge, n’offre rien d’extraordinaire. C’est le site le plus simple, le plus commun, le plus banal du monde : un ruisseau grossi par les pluies et qui coule dans un lit de roche. Assuré ment, il n’y a là rien d’exceptionnel, d’inat tendu, ni même de rare, ni seulement de re marquable. Toute la beauté, tout le mérite du fusain de M. Ducaruge résident donc dans l’expression de cette vue de la nature et dans l’interprétation de ce lieu-commun du paysagisme. Mais l’art de l’éminent artiste forézien est à la fois si souple, si fin, si ferme et si mo bile que l’on croit avoir vraiment sous les yeux ce tableau rural. On voit l’eau qui arrive de très-loin, très-vite et très-fort, avec fureurs et fracas, tantôt roulant avec elles des blocs de rochers et tantôt s’y heurtant et, au sortir de ce choc, reprenant course, blanchie d’écume. On l’entend qui gronde, ou murmure, ou clapote, ou siffle. On la voit qui ronge les terres riveraines, met A nu les racines des arbres. On voit les arbus tes qui inclinent leurs ramures qui tram pent dans le torrent et sont, l’espace de quelques centimètres, entraînés au* fil de l’eau. On Voit les fourrés profonds pleins de mystère, qui se groupent compacts sur les rives, et les grands arbres, frissonnant de froid et apeurés à l'approche du vent et de l’orage, qui se secouent comme pour se don ner du courage, surmonter leur angoisse et se réchauffer. On perçoit l’étendue de la campagne. On est là, en chair et en os, dans ce coin de nature. Et j’estime que produire une telle illusion est le. fait d’un maître et un résultat qu’un artiste n’obtient qu’à force d'étude, de conscience, de sincérité et do conviction, que s’il est en pleine possession de tous ses moyens, que s’il connaît à fond tout son métier ; que si par surcroit, t‘ aime la nature, converse avec elle, sait l’in terro^er et la comprendre ; que si, enfin, il est bien pénétré de cette vérité que suivant un mot célèbre « un paysage et un état d’âme ». Or, c’est assurément le cas de M. Duca ruge, et je l’en félicite, et je l’en loue. • G vu,....
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
En savoir plus Données de classification - beauverie
- coucher
- pelletan
- andré
- delcassé
- duca
- appian
- charles d'anjou
- bramard
- colly
- loire
- genève
- france
- la loire
- ance
- poncins
- lignon
- suisse
- chalencon
- nice
- union postale
- faits divers
- conseil d'etat
- sénat