Extrait du journal

Le départ de Paris Paris, 25 octobre. A minuit et demi, la représentation de gala était terminée. Aussitôt l’amiral Avellan, escorté do tous ses officiers a paru à la porte principale du théâtre. Il était précédé de M. Mollard. Toute la brillante cohue qui s’était groupée sur les marches extérieures a formé aussitôt la haie, et c’est au milieu de saluts respectueux que nos hôtes se sont avancés jusqu’à leurs voitures. Ceux qui ont assisté à ce départ n’ou blieront Jcertainement pas l’émotion qui s’est emparée du public lorsque l’amiral, du haut de son landau découvert, sur lequel un éclatant rayon de lumière était dirigé, a salué en agitant sa casquette blanche. Debout,enveloppé dans son grand manteau gris, dépassant tous les autres de sa haute stature, il apparaissait comme le symbole vivant de l’amitié des deux grands peuples, et c’est avec un élan de patriotique enthou siasme qu’un même cri s’est échappé de toutes les poitrines : « Au revoir 1 Vive le tsar ! Vive la France 1 » Et au galop des chevaux, les landaos, escortés des cuirassiers qui resplendis saient sous les feux électriques, ont dis paru du côté des boulevards. Un long hourra qui se prolongeait en s’en flant démesurément à mesure que le cor tège s’enfonçait dans la foule à peine contenue par les haies de soldats, s’est alors élevé ; et, tandis qu'on ne distinguait même plus, dans le lointain des sombres avenues, les casques de l’escorte, le gron dement des acclamations sans cesse renou velées parvenait encore aux oreilles, sans que personne ne songe à s’arracher à la magie de ce spectacle jamais vu et de longtemps sans doute jamais renouvelé. Sur toute la ligne des grands boulevards la foule était accourue, malgré l'heure avancée, et formait une haie d’où les vivats les cris d’adieu et les acclamations par taient comme au premier jour. De temps en temps, un monument appa raissait couvert de rampes de gaz et je tant dans les avenues, éclairées do la pâle lumière de la lune estompée par un léger brouillard, une note chaude et gaie. L’Ambigu avait été éclairé à giorno. Du terre plein du théâtre, une foule nom...