Extrait du journal
Vers minuit, le doute n'est plus permis : Durand est battu, de peu, mais enfin, il est battu. Mines contristées, poignées de main, cris divers, chaleur, migraine... Durand s'arrache aux effusions de son comité et rentre chez lui, abruti. Madame. — Eh bien ? Monsieur (s’écroulant dans un fauteuil). — La tape ! Madame. — Non ? Monsieur. — Puisque je te le dis... Celte crapule de Dupont a deux cents voix de plus que moi. Malheureuse France ! Madame. — Oh ! la France, la France... C’est grotesque. Raltu ? Tu es battu, je suis battue, nous sommes battus. Nous voi là propres. Quand je pense à la femme de ce Dupont, j’enrage... Une pimbêche, une femme de rien, une... Fallu ! Monsieur. — Oui... J'ai peut-être ru tort de ne pas soigner les P. T. T... J’ai né gligé les ouvriers du faubourg... Et ces abrutis d’électeurs qui sont allés se bala der à la campagne au lieu de voter pour moi, pour la République. Madame. — Nos amis vont se payer notre tête. Monsieur. — Ils ne paieront malheureu sement pas la note... 20.000 francs ! Madame (qui s’énerve). — Tu n’as pas su t’y prendre... Tu as fait ta campagne en pantoufles. Monsieur. — Moi ? J’ai donné 127 réu nions... Madame. — Il fallait en donner deux cents, quatre cents, mille... Seulement, monsieur ne veut pas se déranger, mon sieur ne se dit pas que s’il est balchboulé, c’cst sur sa femme que le ridicule retombe. Enfin, qu’est-cc que je suis, moi, mainte nant ? J’étais la femme d’un député ; main tenant je suis la femme de rien du tout. Monsieur. — Merci. Madame (qui s’échauffe de plus en plus). — Ou, si tu préfères, la femme d'une moule ! Monsieur. — Tu parles comme Dupont. Madame (décidément en colère). — Du pont ? Il est très fort. Dupont ■! Voilà un homme... Intelligent, énergique, il a tout. Oui, il a tout ! Monsieur (larmoyant). — Tu me lâches, toi aussi ? Madame (au paroxysme de l’énervement). — Et comment ! Tiens : Vive Dupont ! Vive Dupont ! Vive Dupont ! — D’Antin....
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
En savoir plus Données de classification - roosevelt
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