Extrait du journal

Un autre fait, plus amusant, s’est passé l’autre jour, avenue de Clichy. 11 y a, dans le bas de l’avenue, un petit restaurant tenu par une brave et forte femme qui, depuis quarante ans, sert à clientèle d’habitués, une nourriture « saine et abondante ». Un jour, un inconnu entre dans ce res taurant, mange et boit bien et se dispose à partir sans payer, mais en emportant couverts et serviettes. Lu patronne, qui n’a pas froid aux yeux, voit, ce manège et court aussitôt après ce client indélicat. Celui-ci file, file, mais la. dame va plus vite que lui ; elle va l’atteindre, lorsque, passant près d’un paisible promeneur, elle lui prend, sans façon, la canne sur laquelle il s’appuie. Elle arrive bâton levé sur son client et, à tour de bras? elle le frappe, elle le corrige de telle manière, à la grande joie du pu blic, que le voleur abandonne tout ce qu’il avait pris. La brave femme rend à son propriétaire la canne vengeresse, mais des agents, accourus.au bruit, con duisant le voleur et la patronne au poste, et le promeneur au si. Là, en s'explique. La restauratrice refuse de porter plainte contre le malheureux ; elle se contente de reprendre ses sérviettés et ses couverts. Le, voleur, après mie vaste admonesta tion, est laissé libre ; il était un de ces nombreux meurt-de-faim qui battent le pavé. Le monsieur, dont on a pris la canne, va se retirer de même, lorsqu’un agent examinant ce bâton, sans prétention, dé couvre qufil renferme dans sa gaine une laine d’épée, et le monsieur, ahuri, se voit dresser procès-verbal et condamner à 25 francs d'amende, avec confiscation de sa canne. Tout le monde est satisfait, la femme a...