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Mercure de France, 1 août 1938

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Mercure de France
1 août 1938


Extrait du journal

I. — l’arrivée A midi, par la mer, toutes cloches du Lido et de SaintGeorges sonnant, je suis arrive à Venise. La piazzetta était en face de moi avec, au fond, la note bleu de roi de son horloge ancienne, ses statues dorées et son timbre que frappent des carillonneurs de bronze. Le palais des Doges, à droite, servait de portant à ce décor, cachant à demi le profil de Saint-Marc. De l’autre côté, à gauche, le Palais-Royal déployait sa perspective de colonnes et de sculptures; tandis que, dominant de son imposante silhouette cette apparition de féerie, le Campanile élevait dans le ciel sa forme massive et trapue, obélisque énorme terminé en pyramide, surmonté d’un éblouissant ange d’or. Devant moi, au pied des colonnes de Saint-Théodore et du Lion symbolique de saint Marc, les gondoles alignées frémissaient, découpant les vagues de l’ombre funéraire de leurs flancs obscurs. Je fus tout de suite conquis par ce tableau, clair de la blancheur virginale des neiges, semé de bleu et d’or comme un vieux livre mystique, réjoui par l’orchestre des sonneries. Je fus tout de suite conquis par l’accord de ces monuments d’une irréelle magnificence, prodigués avec la plus heureuse largesse sur cette plage d’arrivée. Je restai bien longtemps accoudé au bastingage du na17...

À propos

Fondé en 1890 par l’ancienne rédaction de La Pléiade, Le Mercure de France devient sous la direction d’Alfred Vallette une autorité dans le monde littéraire et artistique. Héritier du Mercure Galant et des deux premières versions du Mercure de France, cette série moderne du journal étend son assise au travers d’une société d’édition publiant les principaux auteurs des diverses avants-gardes littéraires de l’époque. La revue paraît quant à elle jusqu’en 1965.

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Données de classification
  • venise