Extrait du journal

Les lettres qu’on va lire ici, pour la première fois, furent écrites par la célèbre héroïne du Glandier, — cette attendrissante Iphigénie du crime que la loi française commit sur sa condamnée à perpé tuité, si cette femme riche et belle fut réellement innocente d’avoir empoisonné son mari pauvre et laid. Elles furent écrites par cette autre Ariane d’un amour malheureux dans un autre labyrinthe de Crète que la prison de Montpellier représenta si tristement pour Marie Cappelle,depuis le 11 novembre 1841 où elle y fut incarcérée, jusqu’au 19 février i85i où elle en fut élargie. Pages perdues et jusqu’à présent ignorées, dans le nombre indéfini de celles où la recluse de la Maison Centrale ne cessa de crier son innocence à son siècle ému et hésitant, ces lettres, qu’en toute confidence de son âme croyante Mme Lafarge écrivit au directeur de sa conscience très chrétienne, ne serviront-elles pas enfin de fil conducteur dans cet autre labyrinthe qu’est, plus impénétrablement que le palais du Minotaure ou la prison de Montpellier, la mystérieuse psychologie de cette femme ? Comment le fil libérateur est venu dans nos mains, après plus d’un demi-siècle qu’il fut tressé par la main du démon ou de l’ange qui le composa de ses pensées les plus intimes et dont il demanda la destruction à laquelle il échappa heureusement ? 11 nous suffira de quelques mots pour le faire savoir. Notre époque qui, ayant l’audace de tant de crimes, a aussi le courage de quelques réhabilitations, entreprend, par la voix des journalistes précédant celles des jurisconsultes, la révision du pro-...