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Mercure de France, 1 février 1923

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Mercure de France
1 février 1923


Extrait du journal

N’est-il point présomptueux et vain tout ensemble, tandis qu’il vit et qu’il chante, d’essayer de fixer par l’écriture la physionomie du poète ? L’arrêt énoncé aujourd’hui ne deviendra-t-il pas injuste demain et l’activité intellectuelle de l’artiste ne risque-t-elle pas de rendre faux à jamais ce jugement trop hâtif, que nous avions porté sur son œuvre? Inconsciemment n’avonsnous pas usurpé les prérogatives du Temps en tâchant, avant l’heure prescrite, de l’apercevoir et de le montrer Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change ? Voilà, ce me semble, les scrupules qui doivent peser à la conscience du critique. Je les ressens pour ma part quand je songe à Francis Vielé-Griffin et à la pesante étude que je lui consacrais voilà deux années. Quoi, des analyses si lourdes pensent-elles garder prisonnière une poésie aussi ailée ? Folie, n’est-il pas vrai; et d’ailleurs pendant que le livre demeurait tel que je l’avais refermé, le Poète, poursuivant sa vie, son œuvre, ne nous donnaitil pas deux poèmes nouveaux, d’importance capitale, la Reine Ogive, et la Rose au flot?Constatons, humble ment, que nos écritures ne retardent en rien la vie et ré jouissons-nous. Prenons toute critique pour ce qu’elle est, un signe, félicitons-nous de ce que nos espérances...

À propos

Fondé en 1890 par l’ancienne rédaction de La Pléiade, Le Mercure de France devient sous la direction d’Alfred Vallette une autorité dans le monde littéraire et artistique. Héritier du Mercure Galant et des deux premières versions du Mercure de France, cette série moderne du journal étend son assise au travers d’une société d’édition publiant les principaux auteurs des diverses avants-gardes littéraires de l’époque. La revue paraît quant à elle jusqu’en 1965.

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