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Mercure de France, 1 juillet 1893

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Mercure de France
1 juillet 1893


Extrait du journal

J’ai vu naître depuis dix ans un très grand nombre de nouvelles formules et de nouvelles écoles littéraires ; mais à peine les avais-je vues naître qu'elles mouraient, comme ces enfants dont on dit qu'ils sont trop beaux pour la terre. Et j’avoue qu’il m'en est resté une certaine défiance contre toute formule nouvelle, contre toute école nouvelle, peut-être même contre toute littérature nouvelle. Un dimanche soir, au collège, mon voisin d’étude me dit qu’il avait rencontré une jeune fille rousse nommée Sylvie, mais qu'il ne savait pas ce qu’il devait en faire. Je lui conseillai d’en faire un livre : et c’est à quoi mon ami s’appliqua, dès le lundi matin. Il s’y applique encore, le mal heureux ! Il tient toujours son sujet, qui est tou jours cette Sylvie avec ses cheveux roux ; mais à mesure qu’il se choisit un genre pour traiter son sujet, le genre qu'il a choisi se démode, et voilà tout à recommencer ! Son livre a été, tour à tour, un grand poème dans la manière de Victor Hugo, un roman naturaliste, une série de complaintes en vers libres, une étude psychologique, un. sym bole, un essai de culture du moi, un conte néo chrétien. Mon ami a le travail un peu lent ; il...

À propos

Fondé en 1890 par l’ancienne rédaction de La Pléiade, Le Mercure de France devient sous la direction d’Alfred Vallette une autorité dans le monde littéraire et artistique. Héritier du Mercure Galant et des deux premières versions du Mercure de France, cette série moderne du journal étend son assise au travers d’une société d’édition publiant les principaux auteurs des diverses avants-gardes littéraires de l’époque. La revue paraît quant à elle jusqu’en 1965.

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Données de classification
  • victor hugo