Extrait du journal

Nul ne vécut plus féerique essor. Nul ne connut pareille chute aux abîmes. Quel roman que ma vie 1 disait-il luimême. Quelle tragédie ! aurait-il pu dire. Nous ne nous proposons point d’évoquer l’épique fi gure du Conquérant, ni de montrer à l’œuvre le tenace organisateur qui se prétendait le Médiateur entre l’an cien régime et les temps nouveaux. Nous ne voulons point esquisser la suite des catastrophes qui,de chute en chute,le précipitèrent de la dictature universelle à la plus misérable des captivités Nous ne détaillerons point non plus les souffrances de son exil. Mais nous aimons à con templer son âme en la lutte obscure qu’il lui fallut sou tenir contre l’irrémédiable malheur. § Ni sa carrière,ni son caractère ne semblaient préparer Napoléon à subir les tourments et les humiliations de 1^ vie captive à Sainte-Hélène. Dès ses premiers pas dans le monde, il avait commandé. À vingt-cinq ans, au siège de Toulon, il s’imposait par l’ascendant du génie aux vieux généraux de la République. A vingt-six ans, il brisait le retour de la Révolution dans Paris. A vingt-sept ans, le rayonnement légendaire des victoires d’Italie l’en veloppait. A trente ans, il commençait à dicter au monde...