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Mercure de France, 1 octobre 1893

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Mercure de France
1 octobre 1893


Extrait du journal

Elle écoute la vie — au loin — comme la mer. A. S. Mieux que ce des Esseintes, d'imagination bien puérile, un lecteur avisé et vraiment ami de son plaisir se suggérerait a soi-même le décor fictif des poèmes qu'il préfère, sans que, par un artifice grossier, divers accessoires matériels sol licitassent le vagabondage de sa pensée vers telle ou telle allée du rêve. Parmi les arbres d’un parc automnal que l’imminence de la mort pare d’une beauté touchante et solennelle, sur des eaux lentes parfumées au crépuscule de pâles roses et de violettes pâles, près d’une seigneuriale demeure qui s’écroule au milieu des hautes herbes et at teste une existence dix fois séculaire par l'effon drement des majestueuses salles romanes et des étroits boudoirs, encore tendus de molles étof fes en lambeaux, là et point ailleurs, il faut se réciter d’une voix mélancolique et fi ère les vers de M. Albert Samain. J'en sais peu d’aussi inquiets et d’aussi farouches, et l’approche même d’une admiration trop curieuse risquerait d'en faire brusquement cesser le chant pur et surna turel, ainsique s’enfuirait loin des profanes un vol de cygnes oflfénsés. Dédaigneux, je pense, de l’éloge et du blâme, et nonchalant sans doute de toutes les paroles...

À propos

Fondé en 1890 par l’ancienne rédaction de La Pléiade, Le Mercure de France devient sous la direction d’Alfred Vallette une autorité dans le monde littéraire et artistique. Héritier du Mercure Galant et des deux premières versions du Mercure de France, cette série moderne du journal étend son assise au travers d’une société d’édition publiant les principaux auteurs des diverses avants-gardes littéraires de l’époque. La revue paraît quant à elle jusqu’en 1965.

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Données de classification
  • albert samain
  • albert
  • jardin
  • a. s.
  • main