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Mercure de France, 15 décembre 1935

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Mercure de France
15 décembre 1935


Extrait du journal

Vingt fois, rêvant à l’aventure dans les allées de mon jardin, je me suis posé, sans angoisse et sans orgueil, diverses questions qui touchent à l’avenir de nos œuvres, à la nature de notre force, aux moyens dont nous dispo sons pour établir et confirmer notre empire. Le jardin n’est ni très graind, ni très petit: il exige toute l’année de travail d’un homme courageux. Il donne le spectacle d’un ordre sans rigueur et sans système. Il est propre et rustique. On y cultive des légumes, des fleurs et des arbres fruitiers. Que deviendrait le jardin si l’esprit qui le gouverne et les mains qui le soignent l’abandonnaient brusque ment? Cette question lancée, les enfants, les adolescents ré pondent volontiers par un hymne romantique à la liberté parfaite. Les jeunes gens qui viennent de lire Hugo et Zola, les âmes ingénues qui rêvent du Paradou et du jardin de la rue Plumet ne manquent pas de prendre l’essor. A les entendre, le clos, délivré des hommes, s’épa nouirait selon les lois de la nature et donnerait bientôt le spectacle magnifique de la variété, de la fantaisie, de la profusion et de la franchise. Cette confiance juvénile me touche le cœur; mais je connais bien le jardin et mes songeries sont moins plai santes. Si, toutes portes fermées, le jardin se trouvait livré soudainement à lui-même au fort de la belle saison, il...

À propos

Fondé en 1890 par l’ancienne rédaction de La Pléiade, Le Mercure de France devient sous la direction d’Alfred Vallette une autorité dans le monde littéraire et artistique. Héritier du Mercure Galant et des deux premières versions du Mercure de France, cette série moderne du journal étend son assise au travers d’une société d’édition publiant les principaux auteurs des diverses avants-gardes littéraires de l’époque. La revue paraît quant à elle jusqu’en 1965.

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Données de classification
  • zola
  • hugo
  • paradou