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Mercure de France, 15 juin 1927

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Mercure de France
15 juin 1927


Extrait du journal

Tout ce qui compte est bien voilé. p. v. Critiques et lecteurs se mettent d’accord pour voir en Paul Valéry le poète de l’intelligence. Cette opinion a le défaut de toute formule; on s’en contente et elle tient lieu de démonstration. Je me propose de la justifier en la précisant, d’étudier l’originalité propre qu’elle con fère à Valéry et les traits particuliers dont elle marque le visage de sa poésie. L’homme et Dieu, la mort, la matière et l’âme, la nature et l’amour, tous les thèmes ont été épuisés : tout a servi; tour à tour, les âges et les peuples, les époques et les écoles ont choisi, et ils ont tari les richesses. Et pourtant, c’est dans le choix de sa matière poétique que Paul Valéry est nouveau. Bien que « tout ait été dit depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes et qui pensent », Paul Valéry n’a pas redit. Son sujet, le seul sujet de toutes ses œuvres sous la forme du poème, du dialogue, de l’essai ou des notes, c’est, non point les choses de l’intelligence, non point les idées, mais l’idée du drame de l’intelligence. Son génie et sa limite, c’est d’avoir symbolisé non point les produits ou la force de l’esprit, mais lui-même, ce pouvoir en nous, ce travail en nous, cette noblesse. Cette différence importe...

À propos

Fondé en 1890 par l’ancienne rédaction de La Pléiade, Le Mercure de France devient sous la direction d’Alfred Vallette une autorité dans le monde littéraire et artistique. Héritier du Mercure Galant et des deux premières versions du Mercure de France, cette série moderne du journal étend son assise au travers d’une société d’édition publiant les principaux auteurs des diverses avants-gardes littéraires de l’époque. La revue paraît quant à elle jusqu’en 1965.

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Données de classification
  • paul valéry