Extrait du journal

Tout le dernier chapitre du Bovarysme est consacré à une définition de la réalité et à une description du mécanisme qui lui donne naissance sous ses différents aspects. L’idée maî tresse est celle-ci : le réel a pour genèse et pour condition un conflit entre deux états d’une même force divisée avec ellemême. Un fait d’opposition l’engendre. Il s’évanouit dans l’ac cord, dans l’absolu harmonique que réaliserait une même fina lité imposée à tous les éléments qui le constituent. II est donc situé, sous quelque manifestation particulière qu’on l’envisage, dans la relation qui se forme entre ces deux états d’une même entité qui s’opposent l’un à l’autre : venant aux prises dans un constant antagonisme, ces états rivaux soutiennent le réel aux points d’équilibre plus ou moins instables où leur effort adverse se neutralise. On montrait, notamment, au cours des développements de ce chapitre,comment les objets du monde extérieur ne se for mulent et ne deviennent des réalités que dans la mesure où le moi, animé de quelque émotion, tire de l’unique substance de cette émotion la totalité de la représentation où ces objets vont apparaître, c’est-à-dire, dans la mesure où, entrant en antago nisme avec lui-même, il se dédouble, transforme en objet de con naissance et extériorise une part de cette émotion tandis qu’une autre part demeure, réalisant et maintenant l'affectivité du sujet à défaut de laquelle la part objective de la sensation, ne...