Extrait du journal

li ne sied pas qu’on laisse partir, sans les saluer d’un juste hommage d’admiration et de gratitude, ceux d’entre les grands aînés qui n’ont pu supporter, jusqu’aux dernières limites de l'attente, l’espoir et la certitude de l’aube nouvelle qm point déjà sur l’horizon. Odilon Redon, malade très gravement depuis des mois et plus âgé que son apparence ne le laissait présumer, souhai tait ardemment que sa vie durât assez pour accueillir le re tour de son tils mobilisé et pour acclamer la victoire. Hélas, ils ont été déçus, ces vœux: puisse-t-il, au moment suprême, ne s'eu être douté, en s’assoupissant! — Le dimanche 9 juillet dernier, un très petit nombre de ses amis et de ses admirateurs passionnés, présents à Paris et avertis en temps utile, ont communié, réunis autour de sa dépouille mortelle, dans les mêmes regrets et dans la fidèle dévotion de leurs souvenirs reconnaissants. Simple fut la cérémonie en l’église de Paris; plus simple encore l’ensevelissement à Bièvres. Des fleurs, certes! beau coup de fleurs à celui qui les a tant aimées et a si pieusement exalté leur beauté. Mais aucune parole d’adieu ne fut pronon cée au nom des assistants ; aucune parade officielle, aucune délégation de société artistique. Il ne fut environné que de la présence et de la pensée de ses amis, et comme il avait été, le grand artiste, simple et chaleureux durant sa vie, simples et chaleureuses lui furent ses funérailles. Jamais Odilon Redon n avait ambitionné la célébrité, ni même une renommée plus discrète. Il n’a jamais songé à 3?...