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Mercure de France, 16 juin 1913

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Mercure de France
16 juin 1913


Extrait du journal

A première vue, amour et beauté paraissent deux notions inséparables, et même presque .identiques. Un être ne peut donc mériter normalement l’amour qu’à proportion de sa beauté. On peut appeler cette conception l’idéalisme érotique. L’analyse peut conduire au contraire à séparer ces deux faits en découvrant dans la genèse de l’amour des éléments qui n’ont rien d’immédiatement esthétique, et dans la beauté des données hétérogènes à l’amour. C’est ce qu’on peut nommer le réalisme érotique. En deux mots,l’idéalisme érotique nous semble un préjugé, dont il est temps de proclamer, au nom du réalisme, la banque route esthétique. Les rapports de l’amour et de la beauté : difficile problème, qu’obscurcit encore un nombre prodigieux de préjugés, individuels ou sociaux, moraux ou esthétiques. C’est l’un de ceux-ci que nous voudrions examiner à travers la psychologie des héroïnes du roman français. Les héroïnes, c’est-à-dire les personnages féminins de premier plan,prédestinés par défini tion à soulever des passions intenses. Lorsqu’ils traitent les personnages de second ordre, voués souvent au rôle derepoussoir, les auteurs les plus imbus du préjugé de la beauté l’ont volontiers sacrifié pour les besoins de la perspective et des jeux de lumière. Il en est autrement lorsqu’il s’agit de la prima donna, dont on veut faire comprendre au lecteur...

À propos

Fondé en 1890 par l’ancienne rédaction de La Pléiade, Le Mercure de France devient sous la direction d’Alfred Vallette une autorité dans le monde littéraire et artistique. Héritier du Mercure Galant et des deux premières versions du Mercure de France, cette série moderne du journal étend son assise au travers d’une société d’édition publiant les principaux auteurs des diverses avants-gardes littéraires de l’époque. La revue paraît quant à elle jusqu’en 1965.

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