Extrait du journal

Jamais on ne s’est occupé davantage du Romantisme. Ce n’est plus seulement un thème littéraire, une question des An ciens et des Modernes, mais un sujet social, un objet de polé mique entre conservateurs et libertaires, on peut presque dire, avec M. Maurras, entre anti-Dreyfusiens et Républicains. Au moment même où les écrivains en sont inscrits définitivement aux programmes de nos lycées, toute une école nous invite à considérer le Romantisme comme un mouvement anti-français perturbateur de l’ordre national. Il importe d’examiner sur quoi l’on fonde les définitions^nouvelles que l’on nous propose du Romantisme et s’il est vraiment anarchie ou création. I LE CULTE DE LA FORCE CHEZ LES ROMANTIQUES: SENTIMENT DE LA NATURE ET INDIVIDUALISME Rousseau avait demandé à l’homme de retourner à la nature, c’est-à-dire à l’agriculture et à une forme de société agreste : venant après le Révolution et l’Empire, les Romantiques éprouvent la nécessité de retourner à une « nature » beaucoup plus primitive que ne la voyait vraiment Jean-Jacques: ané miée par l’effet de l’épuisement matériel et moral du pays au lendemain des guerres européennes et des défaites écrasantes, la jeunesse intellectuelle, particulièrement l’élite qui écrit, a besoin de se reconstituer un tempérament solide : elle ne peut y arriver qu’en se retrempant aux forces originelles, au milieu...