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Mercure de France, 16 octobre 1919

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Mercure de France
16 octobre 1919


Extrait du journal

1. — Antécédents. Voici quelques années, étant de séjour à Paris,je fus surpris dans la rue par une giboulée, et je me réfugiai sous une porte cochère. J’en avais à peine franchi le seuil que j’étais salué dans l’ombre par une voix; et en même temps se pré sentait à moi, un mince paquet sous son bras, un de ces courtiers qui vont d’artistes en amateurs, de brocanteurs en marchands. Celui-ci, par sa mine triste, annonçait un homme qui ne réussissait pas :— Etes-vous acheteur d’une peinture de Bau delaire ? me demanda-t-il avec anxiété. — Serait-ce un de ces dessins lavés, dans le genre de ceux de Constantin Guys? questionnai-je... — Vous allez voir ! et aussitôt il développa le paquet qu’il tenait précieusement. C’était une gouache encadrée. La pluie ruisselait au dehors, transformant la rue en un lac couvert d’éclaboussures. — Voyez-vous, — me dit-il, en me désignant un des coins du cadre, — c’est signé Baudelaire 1 Rien ne ressemblait moins à un dessin de l’auteur des Fleurs du Mal. Cela représentait une vertueuse jeune fille en robe directoire, faisant une offrande à un cippe couvert de fleurs. Illustration patiente, philosophique et froide de quelque sen-...

À propos

Fondé en 1890 par l’ancienne rédaction de La Pléiade, Le Mercure de France devient sous la direction d’Alfred Vallette une autorité dans le monde littéraire et artistique. Héritier du Mercure Galant et des deux premières versions du Mercure de France, cette série moderne du journal étend son assise au travers d’une société d’édition publiant les principaux auteurs des diverses avants-gardes littéraires de l’époque. La revue paraît quant à elle jusqu’en 1965.

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Données de classification
  • constantin guys
  • baudelaire
  • paris