Extrait du journal

M. Dupin, le nouveau directeur du 1 héâtre-Italiens, ne laisse échapper aucune occasion de faire un peu de bruit. M. Dupin tient énormément à être pris au sérieux, c’est tout simple : il a été si longtemps habitué à embourser les sifflets qui s’adressaient aux ours de M. Scribe, qu’il n’est pas fâché de prendre enfin l’importance personnelle après laquelle il a soupiré toute sa vie. 11 y a quelques jours un journaliste mal avisé s’étant permis d’élever quelques doutes sur l’authenticité de la direction de M. Dupin, a reçu en plein feuilleton trente lignes de la formidable prose du directeur offensé. — Quand M. Dupin se mêle de répondre aux journaux, on sait qu’il n’est pas tendre. Nous avons déjà eu l’occasion de juger un échantillon de sa polémique. Aussi conseillons-nous à nos confrères de laisser désormais M. Dupin tranquille. Il est inutile d’agacer ce vaudevilliste irritable. — Nous savons bien qu’il était tout naturel de s'étonner eu le voyant placé tout-à-coup à la tête d'un théâtre comme le Théâtre-Italien. — Nous ne prétendons pas parler ici des garanties commerciales que présente M. Dupin. — Nous n’avons ni la mission ni la volonté de plonger dans sa caisse un regard indiscret ; mais il est assez raisonnable de demander au directeur d’une scène lyrique importante des garanties comme artiste. M. Dupin n’est pas, que nous sachions, un musicien de première force ; du moins il ne nous a jamais donné l’occasion de le juger sous ce point de vue ; — nous l’avons toujours cru plus familier avec les airs de T’en souvienstu, de la Colonne, de Mon pays avant tout et autres timbres de vaudevilles, qu’avec les partitions des grands compositeurs. — M. Dupin ne doit donc ni s'étonner ni s’indigner qu’on lui demande ses titres....