Extrait du journal

Qui donc aux beaux jours de son printemps n’a pas contré un secret aux dômes mystérieux des forêts? Qui n’a aimé, prié, pleuré dans le silence des bois? qui n'a dérobé et secrètement caché sur son cœur la fleur qu’une blanche main venait de cueillir et de jeter étourdiment au bord du chemin? Qui, sous le regard des étoiles, seul au milieu des campagnes n’a écouté son âme chanter l’hymne sacré, et adoré Dieu dans l’harmonie d une belle nuit? Tous ces sentiments se pressent on foule à l’aspect des charmantes vues prises çà et là dans les mille coins du monde et apportées aux salons de notre Exposition. Le paysage a toujours été, pour nous du moins, la source d’un recueillement, la cause d’une pensée qui s’attache au ciel et à la terre ; l’esprit flotte dans une poésie qui l’emporte vers l’infini, il s’élance au delà des perspectives lointaines, devine d’autres horizons,et, perdu dans l’immensiléde sa contemplation, il ne se retrouve qu’en se rapprochant de la cause, en remontant au Créateur. Affaiblies, mais fortes encore, ces impressions nous suivent au pied d'un tableau. Qui ne voit dans un paysage que l’art pur, la correction du dessin, la plus ou moins grande justesse de la gamme des tons, a le cœur trop sec pour juger de ses beautés. La discussion sur les œuvres enlevées du chevalet doit succéder à l’impression, l’analyse n’arrive que pour la justifier....