Extrait du journal

Front français, 31 janvier. — Je viens de voir défiler devant moi, à 400 mètres à peine, marchant d’un pas tranquille, sur une route bien en vue, une compagnie allemande en armes. Sans se presser, sans chercher à se dissimuler, sans même courber le dos, les soldats du kaiser, coiffés de leurs casques de tranchées, descendaient nonchalamment vers leurs positions de première ligne. J’étais moi-même dans une tranchée française avancée, au milieu de nos poilus qui, le lebel à la bretelle, regardaient passer les Boches. Sur le parapet s'alignait une file de grenades revêtues de leur gaine de protection, tandis qu'une mitrailleuse au repos braquait son canon silencieux vers l’ennemi....