Extrait du journal

Ah! comme la guerre est commode à ceux qui ne la font pas! Récemment, nous nous sommes tous aperçus que la poste était devenue la plus capricieuse de nos administrations. Un télégramme mettait quatre jours pour aller à Lyon. Les lettres qu’on envoyait à Brest faisaient auparavant un petit crochet en Algérie, ou plus modestement dans les Basses-Alpes. Parfois elles s’égaraient, à vagabonder ainsi sur tous les chemins. Et ne parions pas des journaux. Les journaux s’étaient mis à ne plus voyager qu’q troupe. Plaignons le malheureux habitant du Morvan, s’il avait quelque souci de lire le communiqué au jour le jour. 11 recevait à la fois son journal du mardi et celui du samedi. Celui du jeudi arrivait huit jours après, et celui du mercredi jamais. 11 est probable qu’aujourd’hui beaucoup de gens ignorent encore que Péronne fut prise et Noyon emporté. Ou s’ils le savent, ce n’est que par ouï-dire, et parce qu’ils ont rencontré à la ville voisine quelque prié-...