Extrait du journal

Maurice Thorez a fait, hier. if. à la mairie de Choisy-le-Roi, sa deuxième apparition en public depuis son retour d'U.R.S.S. Mais, comme la première fois, dans la gare de Saint-Quentin, la consigne était « silence et discrétion ». Le secrétaire général du P.C. fit le trajet de sa villa à la mairie et retour dans sa Delahaye blindée. Un service d'ordre communiste, composé surtout de femmes, maintînt à distance les curieux, qui guettaient l'arrivée de Thorez. Pour gravir les trois marche s et franchir les dix mètres qui le séparaient de l'urne, Thorez mit une dizaine de minutes. Son bras droit est toujours paralysé : la main était recroquevillée dans la manche d'un manteau fort épais, malgré la chaleur. La marche est plus que difficile : le leader du P.C. doit faire de durs efforts pour avancer en se crispant sur sa canne. La paralysie du visage n'a pas diminué. Essayant de sourire aux quelques journalistes qui se trouvaient là, il ne put que grimacer un rictus qui gonfla sa joue droite. Plus aimable que ses gardes du corps, il se laissa photographier, mais au retour chez lui, les chiens policier étaient au portail, guettant les mollets...