Extrait du journal

Le souvenir des œuvres admirables qui se développèrent. sur la scène du Vaudeville obsédera peut-être la mémoire des spectateurs. La vision monochrome, malgré les variations de ses lignes, ne remplacera pas pour eux les "colorations des décors, et surtout la voix des interprètes, le visage des jolies femmes. Les cohues de figurants dans une plaine ensoleillée, une soirée parmi les colonnes des immenses pièces où se Déroulent les drames mondains tournés en Amérique, les thèmes à la fois ingénus et violents qui sont nécessaires pour l'écran ne l'emporteront pas sur le caractère profondément humain et sur la beauté à la fois souple et puissante 'd'une scène d'Henri Bataille. On aura beau projeter sur l'écran des figures de premier plan aux proportions démesurées, l'émotion qu'elles provoqueront n'égalera jamais l'émotion dont on était saisi en considérant- le visage de Réjane, car la grandeur de ce qu'elle exprimait venait, non d'une dimension plastique, mais d'un rayonnement. Ce visage tourmenté, cette face traversée d'un frisson tragique communiquaient son émoi. Ses larmes étaient vivantes....