Extrait du journal

Comme vous parlez bien, aujourd'hui, mes vieux camarades ! Pourtant, est-il permis de vous le faire re'marquer, ces belles choses, il me semble les avoir entendues déjà, autrefois, pendant la grande guerre, seulement ce n'est pas vous, en ce temps-là, qui les disiez, car il y a vraiment des bobards qui n'ont jamais eu cours au front. Je sais bien, parbleu 1 vous êtes de bonne foi ! Depuis sept ans qu'on vous a « rendus à la vie civile », vous avez fini par vous imaginer que votre qualité de vétérans vous confère une autorité souveraine pour tout ce qui regarde la stratégie et la conduite des hostilités. Alors vous avez repris ait Café du Commerce la place jadis occupée par le vieux capitaine d'habillement ou le survivant de la càmpagne de Crimée et, à votre tour, vous piquez des petits drapeaux sur - 1a carte du Maroc et, à votre tour, vous donnez de grands coups de poing sur la table en déplorant là lenteur des opérations et le manque d'énergie du Gouvernement....