Extrait du journal

le suis, comme on peut le penser, fort attristé par la mort de M. le président Poincaré. J'ai été, comme chacun le sait, tantôt son adversaire, tantôt son collaborateur. Mais, dans les deux cas, j'ai toujours été uni à lui par des liens étroits et je lui témoignais un profond respect qui me valait avec lui les relations les plus confiantes. Sa carrière politique est trop importante pour qu'on la puisse résumer en quelques traits. On a dit et on redira son rôle considérable pendant la guerre, mais c'est surtout en travaillant près de lui que j'ai le mieux compris les hautes qualités de son esprit, sa méthode, sa puissance de labeur, et une expérience qui lui faisaient connaître tous les détails du mécanisme de la vie publique. Parmi d'autres qualités, il eut celle d'être à la fois un grand parlementaire et un grand républicain. Trop modéré aux yeux de certains, il était fermement attaché aux règles essentielles qui sont la garantie du régime. C'était un doctrinaire averti et sûr, mais dans les plus grandes difficultés qu'il ait rencontrées, il a toujours défendu l'institution parlementaire, et ceux-là mêmes qui l'ont com battu rendront j'en suis sûr hommage à cette vérité....