Extrait du journal

Et, à cinq heures, j'étais de planton dans la Lennestrasse, en face de deux boutiques à larges devantures derrière lesquelles étaient exposés les derniers modèles de Paris. Rangées au bord du trottoir, quelques autos de luxe stationnai'ent. Des clientes entraient ou sortaient. Très bien. d'ailleurs, vêtues avec un chic de bon aloi, simples, mais cependant avec un rilen d'exagération dans le port trop court de la jupe ou l'assemblage déplaisant de certaines nuances, juste assez pour trahir le goût étranger, le manque de grand style dans la haute fantaisi3. Au passage, je reconnais certains modèles de nos couturiers, mais dépourvus de leur allure nationale ; ils ont un autre « genre 1), parce que faits par d'autres mains de femmes, portés par d'autres corps de femmes. Non point que la Berlinoise manque de chic ; je trouve même qu'elle a, depuis ces dernières années, considérablement gagné en élégance. La femme bien faite, bien habillée, sans être devenue banale est, ici. loin d'être une rareté. L'anatomie même s'est affinée ; j'ai vu de délicieuses chevilles, des jambes harmonieuses, des nuques ravissantes ; la lourdeur teutonne se fait sveltesse germanique, la démarche est plus sinueuse, la ligne générale moins raide. Le temps n'est, plus où Henri! Heilne pouvait malicieusement comparer en élégance la pied des dames allemandes à celui des éléphants. ,....