Extrait du journal

cable, aux cheveux laqués, aux visages %i totalement dépourvus d'expression 'qu'on dirait des visages de sourds. Déjà ils ont repéré et se sont signalé, par fan chiffre, les tables numérotées où, patientes et défaites, des dames aux joues molles sous le fard qui s'effrite attendent la venue improbable d'un cavalier bénévole. Du bout des lèvres, brièvement, ils' se répartissent la tache ; s'ils s'attardent ou discutent, un coup d'œil du maître d'hôtel les avertit. Alors, corrects et dociles, ils se dirigent, au commandement, vers les dédaignées et mettent à leur service, le temps d'un blues ou d'un one step, leur science neuve. Tristes et précis, ils exécutent en ,silence, suivant le rite convenu, des pas mesurés. Ils n'affectent ni la langueur amoureuse du tzigane d'autrefois, ni la grâce légère et comme aérienne du valseur. On sent qu'ils accomplissent, consciencieux, et sans y prendre le moindre agrément, un travail soigné. Rétribués par l'établissement, ils comptent, pour parfaire leur mois, .sur les libéralités des danseuses un peu mûres ou inexpérimentées ; mais, quel que soit l'âge de leur partenaire, ils observent envers elle une réserve parfaite. Tout comme la professionnelle beauty, le professionnel danseur ne doit point marquer de préférence. Courtois, il se méfie d'autant plus de l'amabilité féminine qu'il redoute les aventures. On l'a prévenu, en rengageant : dans un dancing bien coté, le Il personnel « doit rester au-dessus de la mêlée, sentimentale. On lit 'd'ailleurs...