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Paris, 1 octobre 1897

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Paris
1 octobre 1897


Extrait du journal

trefipé, croyez-moi, pour ne pas faiblir dans ce combat do tous les jours, pour ne pas succomber aux tentations mau vaises, pour aller droit „ son che min ; mais justement pour cela, il faut avoir de la pitié pour ceux qui ne peuvent gravir la dure montée et que les forces abandonnent à moitié route. La jeunesse a cela de beau, que dans ses rêves et ses aspirations hardies, elle ne doute de rien ; elle ne regarde que ceux qui triomphent... N’est-ce pas un triste devoir que de lui montrer aussi la désillusion du cabinet vide, de la clientèle qui ne-vient pas, des four nisseurs à payer et des bouches chéries à nourrir... réfléchissez à tout cela, si vous êtes encore à l’âge heureux de choisir votre carrière et de débuter dans la vie, et surtout, surtout, si vous avez fini vos études, si vos examens sont pas sés, ne cherchez pas à rester à Paris... allez-vous-en en province, à la campa gne... vous ne gagnerez ni la grosse fortune problématique, ni la renommée tapageuse, mais vous ne vous casserez pas brusquement les ailes, vous pourrez être le modeste médecin de campagne, qui fait du bien autour de lui et qui peut vivre avec quelques centaines de francs... cela vaudra mieux que de rester en route, ou que d'être inscrit à soixante ans passés au bureau de bienfaisance, à l’Assistance publique, ou au service de nuit, pour obtenir quarante à cin quante francs par mois... ne dites pas non, on peut citer les noms des méde cins qui sont dans ce cas à Paris, après avoir lutté honnêtement toute leur vie, et il en est qui sont encore tombés plus bas, parce qu’ils n’ont pas eu la force d’âme nécessaire pour rester honnêtes au milieu des privations... vous le sa vez bien. Voilà déjà des considérations d’ordre général, qui ne sont pas sans valeur. Il en est d’autres plus spéciales au cas qui nous occupe. Celle-ci, par exemple : tous les jours un médecin peut se trouver en présence d’une si tuation nécessitant une décision hardie et immédiate : s’il n’a pas le courage de faire une opération chirurgicale que uous supposerons exprès fort grave, fort périlleuse, le malade va mourir. Son devoir, direz-vous, est tout tracé : il doit pratiquer, coûte que coûte, l'opé ration. Fort bien, mais encore faut-il, si elle ne réussit pas, cette opération, si le malade succombe, que le médecin ne puisse pas courir des risques d’amende ou de prison : car si vous lui inspirez cette crainte, jamais il n’oscra dans les cas urgents dont nous parlons, avoir re cours à ces moyens d’audace qui peuvent sauver un malade, mais qui tout aussi souvent peuvent le tuer. Il aura peur des responsabilités en casd échec,et laissera tout doucement le patient passer de vie à trépas, sans tenter les mesures énergi ques ; n’y a-t-il pas là encore un danger auquel il est sage de réfléchir ? Puis enfin, pour en revenir spéciale ment à ce docteur Laporte que je ne connais nullement, dont je ne sais que ce que tous nos confrères racontent cha que jour, pourquoi déployer cette sévé rité excessive à son égard. Le pauvre diable ne me fait pas l’effet d’être de ces riches malandrins qui profitent de leur liberté pour s’enfuir : pourquoi dès lors l’avoir garde si longtemps ? — Puis en core ceci : je plains de tout cœur le malheureux dont la femme est morte dans de si atroces conditions, et j’estime qu’on ne saurait trop compatir à sa dou leur. Mais en voyant s’appesantir aussi durement la justice sur celui qui sera peut être rendu responsable de ce malheur, mais qui peut être aussi sera acquitté, je ne puis m’empêcher de penser que jusqu’au moment où il est condamné, un prévenu doit être réputé innocent ; qu’il ne s’agitren somme quede savoirsi cet homme ayant obtenu d’une faculté l’autorisation d’exercer une profession, ayant par suite été jugé digne de la pra tiquer, a manqué aux devoirs, de cette profession,—ce qui est toujours délicat à reconnaître lorsqu’il s’agit de médecine,...

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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