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Paris, 5 février 1890

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Paris
5 février 1890


Extrait du journal

devrait dire, comme l’héroïne de Cor neille. — Moil Moi seule, et c’est assez 1 Il lui déplaît que les Français ne se contentent pas de leurs seules poitrines, de leurs fusils Lebel, de leur poudre sans fumée et de leurs canons de Range pour se croire à l’abri de l’insulte et de l’agression. Cela l’humilie qu’on cherche passionnément des amis, des alliés, là où pourtant ils se trouvent. Il estime qu’on parle beaucoup trop de la Russie, qu’on chanle beaucoup trop ses opéras, qu’on lit beaucoup trop ses romans, qu’on salue beaucoup trop ses princes quand ils viennent nous visiter. Il dirait volontiers, car il ne dédaigne pas les citations : « Aime»vous la Rus sie ? On en a mis partout. » Et c'est avec l’air d’un auditeur parfai tement énervé de n’entendre parler que des Moscovites, qu’il frappe de son porteplume le bois de son bureau et que bientôt, législateur, il frappera de son couteau à papier le bois de son pupitre, pour imposer silence aux cordialités, pour couper court aux « embrassades ». Curieux état d’esprit ! Faut-il donc croire que ce soit celui qui règne au quai d’Orsay? Est-ce que vraiment notre légendaire légèreté aurait gagné les hommes, cependant bien graves, qui ont écrit, qui écrivent ou qui écriront à la République française ? Est-ce que la Russie, pour leur avoir trop plu, aurait cessé de leur plaire? S’imagineraient-ils, nouveaux petits Stoffels, qu’ils vont entrer « comme des coins » dans la triple alliance et la dislo quer par le seul effort de leur volonté, par le seul prestige de leur finesse? En vérité, ils se tromperaient bien lourdement, les malheureux, s’ils se figuraient que le pays se fera complice d’une telle conduite. Le pays, certes, veut être assez fort tout seul, — c’est entendu ! — pour ré pondre à toutes ses obligations et pour faire face à tous les dangers. Mais il aime qui l’aime, et l’on n’est pas ingrat à Paris comme à Rome. Mais toutes les moues dégoûtées de la çentry diplomatique ou parlementaire n’empêcheront pas notre brave nation d’avoir foi en la loyauté de la brave na tion russe, et de le dire à toute occa sion. Tant pis pour ceux que cela agace I S’ils sont journalistes seulement, ils ne seront pas lus. S’ils sont ministres, par hasard, il faudra qu’ils s’en aillent. Et puisque vous parlez de Médée, connaissez-donc son histoire, et ne faisons point, messieurs, la politique de Jason ! Cu. Laurent....

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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