Extrait du journal

Le Bosphore égyptien, notre vaillant confrère du Caire, oppose une résistance énergique à la mesure arbitraire prise contre lui par les au torités anglaises. Ses bureaux, fermés pendant quelques jours, ont été rouverts hier soir. Le rédacteur en chef, M. Giraud, s’est armé d’un fusil, raconte le correspondant du Standard, et a déclaré être sous la protection française ; il a refusé expressément de se soumettre à l’arrêté pris contre lui, il y a huit jours, et ordonnant sa suppression. Do son côté, le ministre de l’intérieur, sur l’avis des conseillers légaux du gouverne ment, a fait poser des affiches informant le public de la suppression du journal ; et, après avoir notifié officiellement la suppres sion du Bosphore au consulat français, doit aujourd’hui procéder à la saisie du matériel du journal. Cette mesure amènera une action en dommages-intérêts, et, à moins que la question ne devienne diplomatique, sera por tée devant les tribunaux. « Toute l’affaire, dit le correspondant an glais, et particulièrement l’attitude des Fran çais, est des plus déplorables ». Cette réflexion paraît singulière dans un journal qui n'a rien négligé pour exciter l’animosité de ses nationaux, à Tunis, contre l’autorité française. Quant à la question de droit, nous ne pouvons nous prononcer avant l'arrivée du courrier d’Egypte. En attendant, nous rappellerons que, de l’avis de Borelli bey, qui fut pendant de longues années le conseiller légal du gouvernement égyptien, les règlements sur la presse ne permettent pas aux autorités anglo-kliédiviales de sévir contre le Bosphore égyptien....