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Paris, 11 janvier 1894

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Paris
11 janvier 1894


Extrait du journal

Contrairement à ce qui passe lors des procès à sensation,une heure avant l’ouver ture de l’audience, nous ne voyons encore personne au Palais. Ce n’est point qu’il faille expliquer la so litude des couloirs et le vide de la salle des Pas-Perdus par une crainte inexplicable du public pour un incident... à la dynamite. Il ne saurait se produire. Les précautions ont été trop bien prises pour qu’on ait quoi que ce soit à redouter. Mais le public sait parfaitement qu’il n’y point de place pour lui, aujourd’hui, en la salle d’au dience. Rares, en effet, seront les privilégiés qui pourront assister au procès. Seuls, les gardes municipaux, les gardes du palais, les gagistes parcourent le Pa lais. Le commandant Lunel prend les derniè res mesures d’ordre. Il est interdit de pénétrer dans la salle d’audience par la porte des témoins ; les huissiers seuls, les membres de la presse judiciaire ont accès par cette porte. Il est bien entendu que le public debout est un public qui n'offre aucun danger et en lequel la préfecture de police a toute confiance. Les avocats occupent dans la salle d’au dience une place relativement restreinte. L’AUDIENCE Constitution du jury A onze heures trente-cinq, la cour fait son entrée, le procureur demande l’ad jonction d’un juré supplémentaire, vu la longueur présumée des débats. Cette ad jonction lui est accordéae. Le président expose le cas d’un juré, M. Jessiet, qui est pris d’une congestion et ne peut remplir ses devoirs. On a expédié un médecin chez lui et con staté le fait. Ce juré est remplacé par un autre. La cour se lève, pour ne rentrer qu’à midi dix. M. le conseiller Gaze préside. M. Bertrand, procureur général, occupe le siège du ministère public. Me Labori est assis au banc de la défense. VAILLANT Sur le banc des accusés, Vaillant est là, avec le paletot à col iJ’astrakan, la face légè rement blême, le regard décidé, l’allure presque arrogante. Le président lui fait les questions d’usage, sur son âge, sa profession, son domicile. L’accusé répond d’une voix ferme, sans hésitation aucune. L’ACTE D’ACCUSATION Après des questions préliminaires M. le greffier Wilmès donne lecture de l’acte d’accusation. Il ne contient aucun détail qui ne soit connu ; rappelant l’attentat du 9 décembre il indique dans quelles circonstances Vail lant fut arrêté, comblent il avoua son crime et de quelle façon il le prémédita. Il se ter mine enfin par quelques renseignements rapides sur le passé de Vaillant. Quant à la qualification du crime visé, c’est celle de j...

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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