Extrait du journal

Impossible de rien tirer de plus de M. Birlé. Mais nous en savons assez. SUR LES LIEUX La double cachette des anarchistes — Cocher, route de Stains ! La voiture roule ; peu d’instants après, nous quittons le territoire parfumé d’Aubervilliers pour entrer sur celui de la Cour neuve. Nous traversons le passage à niveau du chemin de fer du Nord. A ga’uche, à droite, des maisons. Après le numéro 23, à gauche, — une maison de briques au fond d’un jardin qu’occupe un marchand de vins, — les ha bitations disparaissent, une langue de ter rain s’allonge en pointe, entre la route de Stains et la rue d’Aubervillers ; au bout, sur un espace de soixante mètres, un im mense tas de pavés, entièrement bouleversé et, en face, entre deux demeures de maraî chers, MM. Pierre-Antoine Driancourt et Jean-Baptiste Narcisse, demeurant 8 et 10, route de Stains, un tas de terreau fraîche ment retourné. C’est là. Dans le terreau, la veille, en chargeant le terreau, MM. Driancourt père et fils avaient trouvé une pince-monseigneur qu’ils avaient prise tout d’abord et simplement pour un ciseau à froid. A la préfecture de police A la préfecture de police, où nous nous sommes également rendu, on nous a con firmé l’exactitude de la nouvelle. Ce n’est pas le parquet, mais le préfet de police directement qui, d’après les rensei gnements qu’on avait recueillis à la suite de diverses arrestations anarchistes et des perquisitions faites à leurs domiciles, avait chargé, il y a sept jours, M. Birlé, commis saire de police à Aubervilliers, de faire des recherches, qui ont été couronnées de suc cès. La cachette anarchiste contenait en effet une bombe à renversement, plusieurs fla cons remplis d’acide sulfurique, de chlo rate de potasse, de carbonate de soude et une enveloppe renfermant de l’acide picrique, tous produits dont le mélange permet d’obtenir des explosifs. On a trouvé aussi une certaine quantité des clous dit à caboche et des débris de tiges d'acier. Tout a été transporté au Laboratoire mu nicipal. Une surveillance active fut exercée tous ces jours derniers, dans les parages de la Courneuve, mais el.e n’a donné aucun ré sultat. On ne cache pas à la préfecture de police que la divulgation prématurée de la trouvaille du dépôt anarchiste empêchera peut-être d’arrêter celui ou veux qui avaient transporté toutes ces matières explosibles à l’endroit indiqué. Pour le moment, les recherches conti nuent, mais on ne croit pas, à la préfecture, à des arrestations immédiates au sujet de cette affaire. Au laboratoire municipal Ainsi que nous l’avons dit, tous les objets trouvés à la Courneuve ont été transportés au laboratoire municipal. M. Girard a examine la bombe et a re connu de suite qu’il se trouvait en face d’une marmite à renversement, système Vaillant. Cette bombe était toute prête à fonctionner. M. Girard a également pu déterminer le contenu des fioles, dans lesquelles se trou vent les produits chimiques nécessaires à la fabrication de la poudre verte....