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Paris, 14 janvier 1892

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Paris
14 janvier 1892


Extrait du journal

La détente. — La réunion d’hier. — Une transaction. — La moyenne et la feuille. — Fin probable de la grève. Quoique bien compliquée encore et assez peu claire, la situation s’améliore. Hier, à la réunion de la Bourse du travail qui a eu lieu dans l’après-midi, M. Carrière, secré taire du comité de la chambre syndicale des cochers, avait rendu compte de l’entrevue que les délégués avaient eue avec le préfet de po lice, entrevue qui ne pouvait naturellement avoir que des effets platoniques. La Compagnie se refusait et se refuse tou jours à accepter la moyenne fixe de 15 francs demandée par les grévistes. A la fin de la séance, l’ordre du jour suivant avait été voté : » Les cochers da l’Urbaine, réunis en assem blée générale à la Bourse du travail le 12 jan vier, se déclarent résolus à continuer la grève jusqu'à complète satisfaction ; déclarent n’avoir rien de commun avec les délégués convoqués par M. de Lamenta, aujourd’hui 12, à son hôtel; seul le bureau de la grève a mission pour trai ter au nom des grévistes avec le directeur de l’Urbaine ; engage les camarades non grévistes à leur procurer leur appui et vouent à l’exécra tion publique les confrères qui ont repris le travail 1 Vive la grève ! » Les choses demeuraient donc en l’état, mais à l’apparence seulement. En effet, les moyens d’action des grévistes sont restreints. Les sommes versées par les cùchers des diverses autres compagnies et cei/es provenant de divers dons ne permettent que des répartitions assez mesquines. On se contente pendant quelques jours, mais les pères de fa mille de trois, quatre, cinq enfants ne -peuvent que difficilement faire bouillir la mar/nite avec un franc ou 1 fr. 50. il est à craindre aussi que les confrères ne se lassent. Sans doute, ils travaillent uti peu plus, mais donner tous les jours, c'est dur. Aussi ayant bien réfléchi, bien envisagé la situation, bien pesé les choses, de nombreux cochers en sont-ils arrivés à une transaction. Un certain nombre d'entre eux, deux ou trois par dépôt, se sont présentés au siège de la Compagnie et ont été reçus aussitôt par M. de Lainonta, directeur. Ces délégués, au nom de leurs camarades, ont demandé à M.dc Lamonta, comme terme moyen, le travail dit à la feuille. Sans hésitation, le directeur de la Compagnie a accepté. A la suite de cette entente, les délégués ont affiché dans les dépôts l'avis suivant : « Camarades de l'Urbaine, » A la suite d'une entrevue que nous avons eue ce soir avec le conseil d’administration de la Compagnie, nous avons obtenu la faculté, pour tous ceux d’entre nous qui le désireront,de travailler à la feuille comme autrefois. » C'est, selon nous, le seul moyen de mettre fin aux difficultés existantes. Le travail à la moyenne restera facultatif. » Mardi, 12 janvier 1892. « Les Délégués ». En somme, c’est l’établissement du système facultatif pratiqué à la Compagnie générale. Deux modes de paiement sont, en effet, usités : la moyenne grande et petite et la feuille. La moyenne est un chiffre fixé par la Compa gnie d'après les circonstances qui lui semblent plus ou moins favorables aux recettes. Les cochers reprochent à ce système de laisser la porte ouverte à l’arbitraire, et ils ont raison. D’un autre côté, la Compagnie, non sans motifs au moins plausibles, refuse, nous l’avons dit déjà, la moyenne fixe. il y a la grande et la petite moyenne. La pre mière pour les cochers qui ont trois chevaux et trois chevaux et demi ; la petite pour ceux qui n’emploient que deux chevaux. La feuille, système auquel on vient de se ral lier, est très simple. Chaque cocher reçoit le matin une feuille sur laquelle il inscrit chaque course, chaque durée de travail, s’il a été pris à l’heure. A la fin de la journée, il fait le total des som mes perçues, prélève 4 francs et verse le res tant. Mais, dira-t-on, la fraude est facile avec ce système. Non pas. Les agents des stations con trôlent en effet les heures de stationnement. Sur le recensement journalier de la Préfecture, il est facile de vérifier les heures de travail. C’est un contrôle sûr. De temps à autre, une course rapide peut être faite, c’est vrai. Mais les Compagnies ont con fiance dans l’honnêteté des cochers et elles ont raison. Voilà donc une solution trouvée. Depuis assez longtemps, on ne travaillait plus à l’Urbaine qu'à la moyenne. Désormais, on y travaillera à la feuille, facultativement. Mais les cochers, l’énorme majorité tout au moins, adoptera ce second système*...

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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