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Paris, 14 mars 1889

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Paris
14 mars 1889


Extrait du journal

bulletins de vote ; ils écrivirent tous son nom de leur main. Il y a deux journaux français à Metz, ou du moins deux journaux imprimés dans notre langue. Quand l’un d’eux ci tait le nom d’Antoine, en passant et sans insister, il était averti. Quand il ajoutait un mot de sympathie ou d’éloge pour le député absent, il était suspendu. Ce n’était pas seulement la personne du vaillant Messin qui était exilée, c’était, pensait-on, jusqu’à son souvenir. Rien n’y a fait ; chaque élection nouvelle a répété le même soufflet sur la joue du vainqueur. Ceux qui étaient connus pour ses par tisans étaient en butte à mille vexations, frappés de mille peines ; qu’importe ! On payait, on allait en prison, on souf frait... et l’on votait pour lui. Maintenant, c’est fini : Antoine démis sionne. 11 se retire. Réduit à vivre dans le duché de Luxembourg, ne pouvant plus servir ses amis de Lorraine, im puissant à les défendre, il abandonne son siège au Reichstag. Il sera certes remplacé par un protes tataire : ses concitoyens lui donneront pour successeur un homme animé du même esprit, attaché à la même cause, né du môme sang... Mais lui, que va-t-il faire? —Qu’il vienne parmi nouslQu’ilentende les voix venant de France qui vont lui demander de vivre désormais dans cette patrie qu’il a tant aimée et si bien ser vie ! N’est-ce pas, compatriote, que vous allez replier votre tente et rentrer dans la grande famille où votre place est marquée? N’est-ce pas que vous allez donner à nos agités de Paris et de la province, à ces patriotes à tout faire qui veulent se servir de la statue de Strasbourg comme d'un marchepied pour leurs ambitions personnelles, le spectacle et l’exemple de votre vie,passée tout entière à souffrir, à lutter, à servir? N’cst-ce pas que vous n’avez point rêvé le repos et que vous allez repren dre votre loyale tâche sur cette libre terre française où l’on partage vos sou venirs et vos espérances? L’Allemagne n’a pu vous conquérir. L’exil ne doit pas vous garder. La France vous réclame. Vous serez toujours le député de Metz; seulement ce ne sera plus à Berlin, ce sera chez nous que vous représenterez la vieille cité lorraine. Et ici encore vous servirez bien la pa trie. Ch. Laurent....

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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