Extrait du journal
M. François Retonde Le premier auteur du projet que va présenter M. Guillemet. « Il y a tout lieu de supposer, nous dit-il, que les paroles prononcées ont été mal interprétées ou mal rapportées. • M. Bourgeois est, je crois,avec nous. Le pro jet primitivement a été pris par lui en considé ration. Il s’agit de supprimer la prévention en ce qui concerne les bonnes mœurs, l’ordre pu blic et la politique intérieure et de la conserver pour tout ce qui touche aux relations diplomati ques et à la politique extérieure. » Il me paraît intéressant de porter, par la voie de la Chambre, cet important débat de vant le public; c’est, du reste, le seul intérêt de la discussion à la tribune, attendu qu’il n'est point besoin de loi pour abolir la censure, qui a été établie par un décret. » Tenez, a la discussion de la loi des finances on demanderait la suppression du budget rela tif au traitement des censeurs, que cela suffi rait. Mais ce n’est point aux instruments que nous en voulons, c’est à l’institution elle-mê me. 11 nous faut des censeurs pour le contrôle extérieur, pour cela seulement, mais il en faut. » D'ailleurs, pour arriver à notre but, un dé cret serait très suilisant, un décret que M. Bourgeois ferait signer ou même, plus simple ment encore,'une circulaire aux censeurs, leurs signifiant qu’ils n’aient plus à s’occuper des Questions île bonnes mœurs, d’ordre public et e politique intérieure. » M. Bourgeois, qui est, en quelque sorte, l’un des précurseurs dé la politique expérimen tale, tic peut faire autrement qu’etre acquis au principe de la loi que nous avons proposée. — Ainsi, demandons-nous à ^notre interlocu teur, vous croyez au succès? — Oui, je l’espère du moins. La majorité peut très bien se former avec la gauche et le centre. Noua s aurons, sans doute, que la droite con tre nous. Sans se rendre compte exactement de ce qu’il faut faire, la Chambre sent bien qu'il faut faire quelque chose et je crois qu'elle le fera. — Mais le Théâtre-Réaliste, n’en redoutezvous nas le contre-coup ? — Non. Un instant j’ai pu craindre, mais à la réflexion ces craintes se sont évanouies. On ne peut faire entre le théâtre de M. de Chirac et les « vrais » théâtres aucun rapprochement. C'est une maison close, privée. Si ce jeune homme n’avait point vendu de billets et même si l’on s’était trouvé dans l’impossibilité de prouver cette vente, on n’aurait eu aucun re cours contre lui. » Encore une fois, je vous le dis, ce n’est pas pour le Théâtre Réaliste que nous faisons notre loi. Non plus pour le Théâtre Libre ou le ChatNoir, c’est pour la Porte-Saint-Martin, pour les Français, pour le Vaudeville, pour tous ies théâtres, en un mot, écrasés par la censure. » Nous demandons alors à M. François Delon cle s’il pense que les représentations d’une pièce incriminée seront continuées pendant les poursuites. « Certainement non, le ministre de l’intérieur, à la requête de son collègue de l’instruction publique, ordonnera l’interruption du spectacle. Rappelez-vous Thermidor. •> Au reste, le public, s’il se produit, dans les premiers temps quelques pétards d’une trop grande licence, saura bien se faire respecter, il cassera les fauteuils et les banquettes, et l’In térieur arrêtera les représentations. •> Pourquoi vouloir toujours protéger le public contre tout et le reste, voire au besoin contre lui-même? il est bien assez raisonnable pour se conduire seul. » Quant aux auteurs, pour eux le bénéfice est considérable, attendu qu'ils pourront alors don ner toute leur puissance, dégagés qu’ils seront des règles conventionnelles, et pour ainsi dire ataviques que la censure leur impose. » Sur ces idées optimistes, nous quittons M. Deloncle. Nous verrons si ces pronostics trouve ront leur confirmation dans les faits....
À propos
Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.
En savoir plus Données de classification - guillemet
- bourgeois
- dugué
- manning
- floquet
- giraud
- carnot
- ranc
- brun
- mercier
- paris
- france
- royer
- marseille
- orléans
- londres
- angleterre
- prades
- bruxelles
- autriche
- sénat
- suez
- la république
- crédit foncier
- crédit lyonnais
- m. a.
- asiles d'aliénés
- conseil d'arrondissement
- indre
- cher