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Paris, 18 novembre 1891

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Paris
18 novembre 1891


Extrait du journal

Le Sénat a inscrit en tête de son ordre du jour de jeudi la discus sion du tarif général des douanes. M. Challcmel-Lacour doit parler le premier, et on dit que M. Jules Simon, « libre échangiste impénitent », comme il s’appelle, est impatient de prendre la parole. Nous sommes donc sûrs d'avoir de belles après-midi oratoires. Quel que soit le sort réservé aux trente-six mil lions de consommateurs que nous som mes. ça aura commencé par d’éclatantes fûtes de l’éloquence. On parle aussi de M. Buffet; mais celui-là, on pourrait le réserver pour la fin, afin que nous sa chions devant quoi danser si la fête douanière doit se terminer par un bal. On est allé interviewer ces messieurs. Et vous avez vu hier qu’un rédacteur du Paris est allé frapper à plusieurs portes. Mais personne ne veut parler. Au Sénat on n'est pas très pressé de mettre le public au courant de ce qu’on fera et de ce qu’on dira. Le sévère M. Challcmel-Lacour a sèchement condamné la nouvelle forme du journalisme en quelques brèves paroles qui semblent tomber du haut de la Cour do cassation dont il est président-né. Quoique plus accueillant, M. Jules Simon s’est con tenté de ré pondre : Si M. Challamel-Lacour ne dit pas tout, je me propose de dire le reste. Et vous verrez que M. Challemcl-Lacour ne dira pas tout. Quant à M. Tirard, brave homme dans toute la force du terme, il demande à voir la tournure que prendra le débat, ne voulant parler que sur l’inspiration du moment, au milieu du champ de bataille : c'est Sa méthode ordinaire. D’ailleurs, tous les trois sont d’accord pour dire qu’ils attendent la distribution du rapport général, lequel ne sera dis tribué que demain. Avec tous, ces renseignements, nous ne sommes guère plus avancés que si on avait interviewé la statue du Silence. Le Sénat a donc encore quarante-huit heures pour faire retraite. Quelle belle occasion il aurait là de justifier son rôle constitutionnel, qui est,— on l’a tou jours dit, — de faire contrepoids aux en traînements de la Chambre 1 Depuis plus de quinze ans, j’ai vu bien des Chambres. Je leur ai vu faire des coups de tête et quelquefois des bêtises. Mais c’était de courte durée. Cette fois, avec le tarif général des douanes, V « en traînement » aura été de longue haleine. Cette... comment dirais-je?... mettons folie pour être modérée,cette folie n’a pas duré moins de deux ans. Pendant deux ans on a minutieusement fait l’inven taire de tous les produits français qui étaient marqués en chiffres connus, tous les produits,entendez-vous bien Jusqu’au...

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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